Quand la photographie s’écoute : Through A Vulnerable Occur de Sophie Gabrielle et Seabuckthorn

English version
Versión Española

Notre photobookista Oleñka Carrasco en plein trip avec le livre-objet Through A Vulnerable Occur, de Sophie Gabrielle et Seabuckthorn, publié par une maison d’édition pas comme les autres, Iikki Books.

Se perdre.
S’égarer dans un temps qui semble suspendu en l’air, dans un lieu sans nom.
Se sentir mal à l’aise au début.
Chercher un mot qui fonctionne comme appui, ne pas le trouver.
Devenir le centre dans une boîte de résonance, laisser l’histoire entrer par les sens et que la raison aille faire un tour.
Se laisser aller.
Se perdre.

Plus qu’un livre,
une expérience sensorielle

Je vous ouvre les portes d’un lieu unique, mystérieux. Cette fois, je ne serai pas votre guide, cette traversée vous appartient dans sa totalité.

Je viens ici vous raconter mon errance au travers du mat subtil des pages d’un photolivre qui est plutôt une expérience sensorielle, la combinaison de deux objets qui nous montreront une nouvelle façon d’appréhender la Mémoire et l’essence d’Être : un livre où l’on écoute les images, un disque où l’on voit les chansons. Je vous présente Through a vulnerable occur de Sophie Gabrielle et Seabuckthorn, le fantastique nouveau projet  d’Iikki Books.

Début avril 2020, lors d’une allocution nationale, le président français nous fait savoir que le confinement doit continuer. C’est une semaine psychologiquement très compliquée : le reflux de COVID19 est alarmant, les jours de quarantaine deviennent gris, bien que le soleil soit radiant, de l’autre côté de ma fenêtre. Un paquet arrive à ma porte ; en l’ouvrant,  je découvre une image simple mais chargée d’énigme. Le titre, Through a vulnerable occur, dont la traduction pourrait donner ‘À travers une occurrence vulnérable’, me fait penser à la volatilité de mon propre esprit actuellement. J’ai toujours pensé que les livres nous choisissaient. Je me suis demandée : qu’aura ce livre pour moi, en ce moment si étrange ? Je venais de passer plusieurs jours à aller et venir dans la jungle de Bornéo, investiguant sur la lutte écologique, voyageant avec le récit de deux photographes qui cherchaient à reconstruire l’histoire d’une légende, et maintenant, je me retrouve avec un livre et un disque…

Un voyage sonore dans les photos

Je décide de jouer le jeu ; au coucher du soleil, je prépare le tourne-disques, je vois le vinyle tourner, l’aiguille aller à sa rencontre ; j’ouvre le livre. Face A : je lis au bord de la page, un rideau est poussé, j’entre.

Through a vulnerable occur est une conversation entre une photographe, Sophie Gabrielle (Australie), et un musicien, Seabuckthorn (Angleterre) ; c’est le livre ou le dialogue numéro “011”, édité par Mathias Van Eecloo chez Iikki Books. 

Les quatre-vingt pages du livre se divisent en cinq chapitres pour la Face A et six chapitres pour la Face B. Chaque chapitre est constitué d’un ensemble d’entre 3 et 7 pages parsemées d’images en noir et blanc qui fonctionnent comme une espèce de poème sans rime. A chaque chapitre correspond une chanson du disque. Je me laisse mener par les pièces musicales et consacre à chaque chapitre le temps que dure sa chanson binôme. La musique octroie aux images davantage de profondeur et de mystère. Quand je navigue dans les eaux des compositions d’images sur les pages, je sens que, d’une certaine façon, je suis en train de voyager vers mon propre inconscient. Il y a des images qui n’ont jamais fait partie de ma mémoire, et pourtant elles me sont familières.

Laisser les images ouvertes

Le travail photographique de Sophie Gabrielle est indiscutable. Ses séries Weeping rock, Worry For The Fruit The Birds Won’t eat ou BL_NK SP_CE combinent technique, exploration du médium photographique et profondeur philosophique. Dans le livre, ces séries se sont transformées ; Gabrielle m’explique que dans le travail éditorial réalisé par Van Eecloo, les images de tous ses travaux atterrissent dans le livre et se transforment en une nouvelle histoire. J’aime l’écouter parler de la satisfaction que lui produit le fait que son travail soit réinterprété. Je lui explique justement que je suis surprise quand je lis que son travail porte sur la mythologie, le spiritualisme, la psychologie, les constructions poétiques du sens métaphysique de l’être et du lieu ambigu de la mémoire, mais qu’elle construise tout cet imaginaire sans utiliser le moindre mot. Je lui avoue la relation intime que j’entretiens avec les mots ; elle sourit et acquiesce pour me répondre que la photographie lui sert à parler de tous ces éléments décrits dans sa biographie, mais que ces éléments sont intrinsèques à chaque spectateur ; ce qui l’intéresse, c’est de fournir les pièces pour qu’elles soient interprétées – “s’il y avait des mots, il y aurait une direction vers où regarder”. C’est ainsi que ses statements sont très ouverts et sont présentés tout à la fin de ses séries. Mais en laissant les images ouvertes, il est possible que le spectateur ne fasse pas le même chemin sémantique que tu leur as donné, lui dis-je. En effet, me répond-elle, mes images sont l’expérience de ceux qui les voient…

«While There By The Woods», du disque, sonne pour la troisième fois. Je la remets parce que je reviens à plusieurs reprises aux images qui constituent ce chapitre. Dans cette expérience herméneutique, je sens que je voyage à un endroit très reculé de ma mémoire.

Dans le chapitre A03, je tombe sur l’une de mes images préférées du livre. La musique est beaucoup plus inquiétante, dense. Quand j’observe la profondeur du noir de cette image, je pense à Rembrandt. Pas tellement pour la profondeur du noir ni l’obscurité de l’image, mais plutôt pour tout ce que ça me révèle sur la lumière. Les images de Gabrielle deviennent des tableaux, des objets.

Un livre pour écouter ; un disque pour voir. Gabrielle m’explique que, quand Van Eecloo lui a proposé de faire un livre, il lui a envoyé une liste de cinq musiciens possibles avec lesquels entamer une conversation. Il a fait la même opération avec Seabuckthorn ; ils se sont choisis mutuellement. Le résultat est un véritable périple vers un univers unique, où d’une certaine façon, nous en devenons le centre. D’octobre 2019 à janvier 2020, artistes et éditeur travaillent sans relâche. Le livre sort le 30 mars en une édition limitée et numérotée de 300 exemplaires.

 

Retour au silence,
les yeux clos

Le tourne-disques continue de tourner depuis un moment, l’aiguille se lèvera bientôt, j’arrive aux dernières pages et quelques touches de couleurs dans les dernières photographies me ramènent peu à peu à la réalité. Quand la dernière chanson de la Face B s’arrête, je ferme le livre, j’observe cette jeune femme qui est de dos sur le quatrième de couverture. Je respire et m’observe en ce 54ème jour de confinement, et je reviens définitivement à la réalité. Et ainsi, au milieu de ces noirs, gris, contrastes et éclats, Through a vulnerable occur devient un merveilleux recueil de nouvelles, l’un des meilleurs que j’ai lus en cette sombre année, qui nous a elle aussi, tout d’un coup, laissés un peu sans le moindre mot.


Sophie Gabrielle

Sophie Gabrielle est une photographe contemporaine et commissaire d’exposition basée à Melbourne, qui travaille à la fois sur des supports analogiques et numériques.

Son travail a été exposé en Australie, en Malaisie, aux Pays-Bas, en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni et, en 2018, elle a été la première photographe australienne à être reconnue comme un talent de FOAM, Pays-Bas. Son travail explore le lien entre la photographie et la psychologie, avec un intérêt particulier pour la mémoire et les archives. S’inspirant des scanners IRM, des structures des synapses du cerveau et des expériences médicales du début du XXe siècle, son travail est à la fois beau et troublant.

Elle est également membre du conseil d’administration et conservatrice en chef du festival de musique caritatif « Good Moon Rising » (2018 à ce jour), qui célèbre les artistes femmes au sein de la communauté artistique de Melbourne.

Site internet de l’artiste 


Book: limited edition to 300 copies, hand numbered & hand stamped.
80 pages, 40 euros.

Vinyl: limited edition to 300 copies, hand numbered. Mastered by James Plotkin.
18 euros

Disponible ici


Sur Iikki Books

Il y a environ quatre ans, selon son propre créateur Mathias Van Eecloo, naît Iikki Books, une maison d’édition qui se présente avec un produit hybride assez innovateur : des livres qui s’écoutent – à ne pas confondre avec des livres audio. Du “01” au “011”, chaque livre de photographie est systématiquement accompagné d’un vinyl ou d’une bande sonore (CD, mp3 téléchargeables).

Quand j’interroge Mathias sur les raisons de réinventer le livre-objet, il m’explique qu’en plus de son étroite relation avec la musique (Van Eecloo est aussi le créateur d’un petit label de musique) et de sa passion pour le cinéma, il aime explorer la possibilité d’une photographie qui nous fasse écouter des choses. La possibilité de revisiter le livre-objet comme une unité capable de stimuler l’un de nos sens.

« Le sens de la lecture change, je l’ai expérimenté dans l’un des salons d’édition où Iikki était présent : quand il se met des écouteurs, le lecteur a la possibilité de sortir de son environnement bruyant et de se concentrer sur le feuillettement des pages. Une nouvelle façon de lire. »

En effet, je peux confirmer pour l’avoir fait avec le liiki “011” entre Sophie Gabrielle et Seabuckthorn, que chaque médias se renforce mutuellement et me donne une nouvelle forme d’entrer dans l’image.

Les livres et disques Iikki peuvent s’acheter ensemble ou séparément. Ils existent toujours en éditions limitées d’entre 300 et 500 exemplaires, et le prix des livres et vinyls est tout à fait juste au regard de la qualité du produit. Van Eecloo choisit ses auteurs, aussi bien photographes que musicien.ne.s, en partant de l’émotion qu’ils lui produisent et de ses propres découvertes. Au milieu de notre conversation, Van Eecloo m’indique également qu’il paie ses auteur.e.s – ce qui ne devrait pas être rare mais normal, aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, voici une valeur ajoutée supplémentaire pour soutenir des maisons d’édition comme celle-ci.

D’ici à 2022, Iikki a programmé au moins quatre publications ; ses livres peuvent se trouver dans différentes librairies en France et à l’étranger, dans des salons pour éditeurs indépendants ou directement depuis le site internet.
Aimante comme je le suis des produits hybrides et des maisons d’édition qui prennent des risques pour créer des produits uniques, pleins de contenus et de passion pour le métier, je ne puis que souhaiter une longue vie à Iikki. J’ai déjà très envie de connaître le 012.


Écrivaine et photographe, Oleñka Carrasco met son accent au service de Viens Voir une fois par mois, pour la découverte de photobooks, livres d’artistes, livres de photo-texte, mais aussi des éditeurs indépendants. Bref, toutes les tendances de l’objet livre.
Fanatique de la création d’histoires, elle sera notre guide d’exploration dans le monde des livres.

email : hola@olenkacarrasco.com / Internet : olenkacarrasco.com / Instragram : olenkacarrasco


 

English Version

When Photography is listened to: Through A Vulnerable Occur by Sophie Gabrielle and Seabuckthorn

Our photobookista Olenka Carrasco in full trip with the object-book, Through A Vulnerable Occur, by Sophie Gabrielle and Seabuckthorn, published by a publishing house like no other, Iikki Books.

Getting lost.
Getting lost in a time that seems suspended in the air, in a place without a name.
Feeling uncomfortable at first.
Searching for a word that works as a support, not finding it.
Becoming the centre in a resonance box, letting the story enter through the senses and let the reason go for a walk.
Letting go.
Getting lost.

More than a book, a sensory experience

I open the doors to a unique, mysterious place. This time I will not be your guide, this crossing belongs to you in its entirety.

I come here to tell you about my wandering through the subtle pages’ mat of a photobook, which is more of a sensory experience, the combination of two objects that will show us a new way of apprehending Memory and the essence of Being: a book where we listen to the images, a record where we see the songs. I present ‘Through a vulnerable occur’ by Sophie Gabrielle and Seabuckthorn, Iikki Books’ new fantastic project.

At the beginning of April 2020, during a national speech, the French president tells us that the containment must continue. It is a psychologically very complicated week: the ebb of COVID19 is alarming, the quarantine days are turning grey, although the sun is radiant, on the other side of my window. A package arrives at my door; as I open it, I discover a simple but enigmatic image. The title ‘Through a vulnerable occur’ reminds me of the volatility of my own mind at that moment. I have always thought that books chose us. I asked myself: what will this book have for me at this strange time? I had just spent several days travelling back and forth from the jungle of Borneo, investigating the ecological struggle, traveling with the story of two photographers trying to reconstruct the story of a legend, and now I find myself with a book and a record?

A sound journey through photos

I decide to play the game; at sunset, I prepare the record player, I see the vinyl spinning, the needle about to meet it; I open the book. Side A: I read at the edge of the page, a curtain is pushed, I enter.

‘Through a vulnerable occur’ is a conversation between a photographer, Sophie Gabrielle (Australia), and a musician, Seabuckthorn (England); it is the book or dialogue number « 011 », edited by Mathias Van Eecloo at Iikki Books.

The eighty pages of the book are divided into five chapters for Side A and six chapters for Side B. Each chapter consists of a set of between 3 and 7 pages sprinkled with black and white images that function as a kind of rhymeless poem. Each chapter matches with a song on the disc. I let myself be led by the musical pieces and devote to each chapter the time that its song binomial lasts. The music gives the images more depth and mystery. As I navigate the waters of the picture compositions on the pages, I feel that, in a way, I am travelling towards my own unconscious. There are images that have never been part of my memory, yet they are familiar to me.

Leaving images open

Sophie Gabrielle’s photographic work is indisputable. Her series ‘Weeping rock’, ‘Worry For The Fruit The Birds Won’t eat’ or ‘BL_NK SP_CE’ combine technique, exploration of the photographic medium and philosophical depth. In the book, these series have been transformed; Gabrielle explains to me that in Van Eecloo’s editorial work, the images from all his work land in the book and are transformed into a new story. I like to listen to her talking about the satisfaction she gets from having her work reinterpreted. I explain to her that I am surprised when I read that her work deals with mythology, spiritualism, psychology, poetic constructions of the metaphysical meaning of being and the ambiguous place of memory, while she constructs all this imaginary without using a single word. I confess to her the intimate relationship I have with words; she smiles and nods in reply that photography serves to speak to me about all these elements described in her biography, but that these elements are intrinsic to each viewer; what interests her is to provide the pieces for interpretation – « if there were words, there would be a direction to look in ». This is how her statements are very open and are presented at the very end of his series. But by leaving the images open, it is possible that the viewer does not follow the same semantic path you gave them, » I tell her. Indeed, she replies, my images are the experience of those who see them…

« While There By The Woods, » from the record, sounds for the third time. I’m putting it back because I go back to the images that make up this chapter several times. In this hermeneutic experience, I feel that I am travelling to a very remote place in my memory.

In chapter A03, I come across one of my favourite images from the book. The music is much more disturbing, dense. When I look at the depth of darkness in this image, I think of Rembrandt. Not so much for the depth of the black or the darkness of the image, but rather for all that it reveals to me about light. Gabrielle’s images become paintings, objects.

A book to listen to; a record to see. Gabrielle explains to me that when Van Eecloo offered to make a book, he sent her a list of five possible musicians with whom she could start a conversation. He did the same with Seabuckthorn; they chose each other. The result is a real journey towards a unique universe, where in a way we become the centre of it. From October 2019 to January 2020, artists and publishers work tirelessly. The book comes out on 30 March in a limited and numbered edition of 300 copies.

Return to silence, with eyes closed

The record player has been turning for a while, the needle will soon rise, I reach the last pages and a few touches of colour in the last photographs gradually bring me back to reality. When the last song on the B side stops, I close the book, I look at this young woman on the back cover. I breathe and observe myself on this 54th day of confinement, and I definitely come back to reality. And so, in the midst of these blacks, greys, contrasts and glares, Through a vulnerable occur becomes a marvellous collection of short stories, one of the best I have read in this dark year, which has also left us, all of a sudden, a little bit without a word.

 


Sophie Gabrielle is a Melbourne based contemporary photographer and curator working in both analog and digital mediums. Her work has been exhibited in Australia, Malaysia, The Netherlands, France, USA and the UK and in 2018 was the first Australian photographer to be recognised as a FOAM talent, NL.

Her work explores the connection between photography and psychology, with a particular interest in memory and the archive. Drawing inspiration from MRI scans, brain synapses structures and early 20th-century medical experiments, the work is both beautiful and unsettling. This can be seen in particular in ‘Worry For The Fruit The Birds Won’t Eat’ a series that tells of her father and grandfather’s cancer diagnosis.

She is also a board member and head curator of the charity music festival ‘Good Moon Rising’ (2018 -present) which celebrates female-identifying artists within the Melbourne Arts Community.

Website 


Book: limited edition to 300 copies, hand numbered & hand stamped.
80 pages. 40 euros.

Vinyl: limited edition to 300 copies, hand numbered. Mastered by James Plotkin.
18€ euros.

Available here


About Iikki Books

About four years ago, according to its own creator Mathias Van Eecloo, Iikki Books was born, a publishing house with a rather innovative hybrid product: books that can be listened to – not to be confused with audio books. From « 01 » to « 011 », each photography book is systematically accompanied by a vinyl or a soundtrack (downloadable CD, mp3).

When I ask Mathias about the reasons for reinventing the photobook, he explains that in addition to his close relationship with music (Van Eecloo is also the creator of a small music label) and his passion for cinema, he likes to explore the possibility of a photography that makes us listen to things.

The possibility of revisiting the book object as a unit capable of stimulating one of our senses.

« The sense of reading changes, I experienced it in one of the publishing salons where Iikki was present: when he puts on headphones, the reader has the possibility to get out of his noisy environment and concentrate on leafing through the pages. A new way of reading. »

Indeed, I can confirm for having done so with the liiki « 011 » between Sophie Gabrielle and Seabuckthorn, that each media reinforces the other and gives a new way to enter the image.

Iikki books and records can be bought together or separately. They are always available in limited editions of between 300 and 500 copies, and the price of the books and vinyls is quite fair in view of the quality of the product. Van Eecloo chooses his authors, both photographers and musicians, based on the emotion they produce and his own discoveries. In the middle of our conversation, Van Eecloo also tells me that he pays his authors – which should not be uncommon but normal today. In any case, here is an additional added value to support publishing houses like this one.

Between now and 2022, Iikki has scheduled at least four publications; his books can be found in various bookshops in France and abroad, in fairs for independent publishers or directly from the website.

Loving as I do hybrid products and publishing houses that take risks to create unique products, full of content and passion for the profession, I can only wish Iikki a long life. I already have a strong desire to get to know “012”.


Writer and photographer, Oleñka Carrasco will put her emphasis on the service of Viens Voir once a month, for the discovery of photobooks, artists’ books, photo-text books, but also independent publishers. In short, all trends of the book object. Fanatic about creating stories, she will be our guide to exploring the world of books.

Email : hola@olenkacarrasco.com / Internet : olenkacarrasco.com / Instragram : olenkacarrasco


 

Versión Española

Cuando la fotografía se oye: Through a vulnerable occur de Sophie Gabrielle y Seabuckthorn

Nuestra photobookista Olenka Carrasco en pleno viaje sensorial con el libro objeto, Through A Vulnerable Occur, de Sophie Gabrielle et Seabuckthorn, publicado por una editorial diferente a las demás, Iikki Books.

Perderse.
Extraviarse en un tiempo que parece suspendido en el aire, en un lugar sin nombre.
Sentirse incómodo al principio.
Buscar una palabra que funcione como asidero, no encontrarla.
Volverse centro en una caja de resonancias, dejar que la historia entre por los sentidos y que el razocinio se vaya de paseo.
Dejarse llevar.
Perderse.

Más que un libro, una experiencia para los sentidos

Os abro la puerta de un lugar único, misterioso. Esta vez no seré vuestra guía, esta travesía os corresponde en su totalidad.

Vengo aquí a contaros mi errancia a través de la sutileza mate de las páginas de un fotolibro que es más bien una experiencia sensorial, la combinación de dos objetos que nos enseñarán una nueva forma de aprehender la Memoria y la esencia de Ser: un libro en el que se escuchan las imágenes, un disco en el que se ven las canciones. Os presento Through a vulnerable occur de Sophie Gabrielle et Seabuckthorn, el fantástico nuevo proyecto de Iikki Books.

Principios de abril 2020, en alocución nacional en Francia el presidente nos hace saber que el encierro debe continuar. Es una semana anímicamente muy complicada, el repunte del COVI19 es alamante, los días de cuarentena se vuelven grises aunque el sol sea radiante más allá de mi ventana. Un paquete llega a mi puerta, al abrirlo, descubro una imagen simple pero cargada de enigma. El título Through a vulnerable occur cuya traducción significa ‘A través de una ocurrencia vulnerable’ me hace pensar en la propia volatilidad de mi espíritu actualmente. Siempre he pensado que los libros nos eligen. Me pregunté, ¿qué tendrá este libro para mí, en este momento tan extraño? Yo acababa de pasarme los días yendo y viniendo de la jungla de Borneo, investigando sobre la lucha ecológica, viajando con el relato de dos fotógrafos que buscaban reconstruir la historia de una leyenda, y ahora, un libro y un disco…

Un viaje sonoro a través de las imágenes

Decido jugar el juego, al atardecer preparo el tocadisco, veo el vinilo girar, la aguja ir a su encuentro, abro el libro. Lado A, leo al borde de la página, una cortina es desplazada, entro.

Through a vulnerable occur es una conversación entre una fotógrafa Sophie Gabrielle (Australia) y un músico Seabuckthorn (Inglaterra), es el libro o el diálogo 011 editado por Mathias Van Eecloo en Iikki Books.

Las ochenta páginas del libro se dividen en cinco capítulos para el Lado A y seis capítulos para el Lado B. Cada capítulo se compone de un conjunto de entre 3 a 7 páginas salpicadas de imágenes en B&N que funcionan como una especie de poema sin rima. Los capítulos se corresponden con una canción del disco. Me dejo llevar por las piezas musicales y le dedico a cada capítulo el tiempo que dura la canción que le es binomio. La música otorga a las imágenes aún más profundidad y enigma. Cuando navego en las aguas de las composiciones de imágenes en las páginas, siento que, de alguna forma, estoy viajando a mi propio inconsciente. Hay imágenes que jamás han formado parte de mi memoria, o de mis recuerdos y aún así me parecen conocidas.

Dejar las imágenes abiertas

El trabajo fotográfico de Sophie Gabrielle es indiscutible. Sus series fotográficas Weeping rock, Worry For The Fruit The Birds Won’t eat o BL_NK SP_CE combinan técnica, exploración del medio fotográfico y profundidad filosófica. En el libro, estas series se han transformado, Gabrielle me cuenta, que en el trabajo editorial realizado por Van Eecloo imágenes de todos sus trabajos aterrizan en el libro y se transforman en una nueva historia. Me gusta escucharla hablar de la satisfacción que le produce que su trabajo sea re-interpretado. Justamente, le explico que me sorprende cuando leo que su trabajo gira en torno a la mitología, el espiritualismo, la psicología, construcciones poéticas del sentido metafísico del ser y el lugar ambiguo de la memoria, y que ella construya todo ese imaginario sin utilizar ni una palabra. Le confieso la relación íntima que yo mantengo con las palabras, ella sonríe, y asiente para responderme que la fotografía le sirve para hablar de todos esos elementos descritos en su biografía, pero que esos elementos son intrínsecos a cada espectador, a ella le interesa dejar las piezas para que sean interpretadas, “si hubiera palabras, habría una dirección para mirar”. Entonces, sus statements son muy abiertos y vienen muy al final de sus series. Pero dejando las imágenes abiertas puede que el espectador no haga el mismo camino semántico que tú les has otorgado, le digo. En efecto, me responde, mis imágenes son la experiencia de quien las ve…

«While There By The Woods», del disco, suena por tercera vez, la repito porque vuelvo varias veces a las imágenes que conforman ese capítulo, en esta experiencia hermenéutica, siento que estoy viajando a un lugar muy recóndito de mi memoria.

En el capítulo A03, me topo con una de mis imágenes favoritas del libro. La música es mucho más inquietante, densa. Al observar la profundidad del negro en esta imagen, pienso en Rembrandt. Ya no por toda la profundidad del negro y la oscuridad de la imagen, sino más bien, por todo aquello que sobre la luz me cuenta. Las imágenes de Gabrielle se vuelven cuadros, pinturas, objetos.

Un libro para oír, un disco para ver. Gabrielle me cuenta que cuando Van Eecloo le propone hacer un libro le envía una lista de cinco músicos posibles con los que entablar una conversación. Con Seabuckthorn hace la misma operación. Se escogen mutuamente. El resultado es un real periplo a un universo único en el que de alguna forma nos volvemos centro. De Octubre 2019 a Enero 2020, trabajan sin descanso, artistas y editor ; el libro sale a disposición el 30 de marzo en una edición limitada y numerada de 300 ejemplares

Volver al silencio con los ojos cerrados

El tocadisco sigue girando desde hace un momento, la aguja se levantará en breve, llego a las últimas páginas y unas cuantas pinceladas de color en las últimas fotografías me retrotraen de alguna forma a la realidad. Cuando la última canción del Lado B deja de sonar, cierro el libro, observo a esa joven que se encuentra de espaldas en la contraportada. Respiro mirándome en el encierro de hoy, día 54, vuelvo a la realidad. Y así, entre negros, grises, contrastes y destellos, Through a vulnerable occur se transforma en un maravilloso libro de relatos, uno de los mejores que he leído en este año sombrío, en el que, también, de pronto, nos hemos quedado un poco sin palabras.


Sophie Gabrielle es una fotógrafa y comisaria contemporánea con sede en Melbourne que trabaja tanto en medios analógicos como digitales. Su trabajo ha sido expuesto en Australia, Malasia, Países Bajos, Francia, EE.UU. y el Reino Unido y en 2018 fue la primera fotógrafa australiana en ser reconocida como un talento de la FOAM, NL.

Su trabajo explora la conexión entre la fotografía y la psicología, con un interés particular en la memoria y el archivo. Inspirándose en las resonancias magnéticas, las estructuras de las sinapsis cerebrales y los experimentos médicos de principios del siglo XX, la obra es a la vez hermosa e inquietante. Esto se puede ver en particular en ‘Worry For The Fruit The Birds Won’t Eat’, una serie que cuenta el diagnóstico de cáncer de su padre y su abuelo.

También es miembro del consejo y conservadora jefe del festival de música benéfico ‘Good Moon Rising’ (2018 – presente) que celebra a los artistas que identifican a las mujeres dentro de la Comunidad Artística de Melbourne.

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Book: limited edition to 300 copies, hand numbered & hand stamped.
80 pages. 40 euros.

Vinyl: limited edition to 300 copies, hand numbered. Mastered by James Plotkin.
18 euros.

Disponible aquí


Sobre Iikki Books

Hace alrededor de unos cuatro años, según su propio creador Mathias Van Ecloo, nace Iikki Books, un sello editorial que se presenta con un producto híbrido bastante innovador : libros que se escuchan, a no confundir con audiolibros. Desde el 01 hasta el 011, cada libro de fotografía está acompañado siempre de un disco vinilo o una banda sonora (Cd, Mp3 descargables).

Cuando interrogo a Mathias sobre la justificación de re-inventar el objeto libro, me explica que, además de su estrecha relación con la música (Van Ecloo es el creador de un pequeño label de música también), y de su pasión por el cine, a él le interesaba explorar la posibilidad de una fotografía que nos hiciera escuchar cosas.

La posibilidad de revisitar el objeto libro como una unidad capaz de estimular uno de nuestros sentidos.

«El sentido de la lectura cambia, lo he experimentado en alguno de los salones de edición en los que Iikki ha estado presente, el lector al ponerse los audífonos tiene la posibilidad de salirse de todo el entorno bullicioso y de concentrarse en hojear las páginas. Una nueva forma de leer.»

En efecto, puedo confirmar al haber realizado la experiencia con el Iikki 011 entre Sophie Gabrielle y Seabuckthorn que ambos medios se repotenciaban estando juntos y me proporcionaban una nueva forma de entrar en la imagen.

Los libros y discos Iikki pueden comprarse en conjunto, o por separado. Siempre en ediciones limitadas de entre 300 y 500 ejemplares, el costo de los libros y los vinilos es bastante justo y en relación con la calidad del producto. Van Ecloo escoge a sus autores, tanto fotográfas y fotógrafos como músicos partiendo de la emoción que le producen y de sus propios descubrimientos. Con orgullo, Van Ecloo además me indica que él paga a sus autores, algo que no debería ser raro sino más bien la norma, pero aquí un valor añadido para apoyar a sellos como éste.

Iikki tiene agendadas de aquí al 2022 al menos cuatro publicaciones, sus libros pueden encontrarse en distintas librerías en Francia y en el extranjero, en algunos salones para editores independientes o directamente en su sitio internet con envíos a todo el globo.

Amante como soy de los productos híbridos y de las editoriales que se arriesgan a crear productos únicos, llenos de contenido y de pasión por el oficio no tengo más que desear una larga vida a Iikki. Ya tengo muchas ganas de conocer el 012.

 


Escritora y fotógrafa, Oleñka Carrasco pondrá su acento al servicio de Viens Voir una vez al mes para descubrir fotolibros, libros de artistas, libros de foto-texto, así como editores independientes y festivales. Su principal interés: las tendencias del libro como objeto. Fanática de contar historias, ella se volverá nuestra guía de exploración en el descubrimiento del mundo de los libros.

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