Ouf, le merveilleux revient !

Ciudad Atlante, 2011. rotring, feutre et crayon de couleur sur papier, 34.8 x 49.6 cm
Ciudad Atlante, 2011. rotring, feutre et crayon de couleur sur papier, 34.8 x 49.6 cm – copyright Galerie Christian Berst



Un des miracles de l’art brut, c’est de rendre notre condition de spectateur aux émerveillements de l’enfance. Lesquels ne renvoient ni une forme de pureté, ni à la naïveté, mais retrouvent le bonheur de suivre une ligne, de s’étourdir dans une couleur, ou de perdre ses yeux dans des mondes imaginaires pendant des secondes qui durent des vies entières. C’est le cas avec les oeuvres visionnaires de Alexandro Garcia, dans une exposition qui vient d’ouvrir à la Galerie Christian Berst, à Paris.


Las Trece Puetas del Corazon, 2011. rotring stylo à bille, marqueur et crayon de couleur sur papier, 55 x 75 cm - copyright Galerie Christian Berst
Las Trece Puertas del Corazon, 2011. rotring stylo à bille, marqueur et crayon de couleur sur papier, 55 x 75 cm – copyright Galerie Christian Berst



A propos de Alexandro Garcia, ce jardinier urugayen qui consacre des journées entières à échafauder des univers oniriques sur papier, on retrouve quelques éléments bien représentatifs de certaines démarches artistiques dites d’art brut.

  • l’évènement biographique fondateur légèrement barré : ici, un contact extra-terrestre, une nuit, au bord d’une plage, lorsqu’il était enfant.
  • le besoin de réactiver ce moment fondateur à travers une pratique artistique, de le rejouer, voire même de retrouver ce contact (du 3ème type) tout au long du processus créatif. Je crois que, personnellement, mon plus grand plaisir consiste probablement à recréer les gestes de l’artiste, à suivre l’élaboration des étapes de sa création comme un moyen d’entrer dans sa fièvre médiumnique.
  • l’extrême minutie des tracés. Délicatesse, virtuosité presque obsessionnelle.
  • l’imbrication très étroite du figuratif, du symbolique et de l’ornemental. Si bien que l’un ne saurait prendre le pas sur l’autre, la création proliférant en tout sens (quoique suivant peut-être un plan originel très organisé).
  • le remplissage méthodique et méticuleux de l’ensemble de la surface : qu’il ne reste rien qui n’ait été griffé par la plume, recouvert par des architectures ou des cosmogonies jaillissantes, s’abandonnant à la frénéésie des formes. Des mondes microcosmiques s’auto-engendrent, des cités fabuleuses tiennent en équilibre sur une pointe, une jungle végétale se pare de couleurs improbables.
  • les couleurs justement : on ne dira jamais assez l’ivresse de couleur des artistes bruts. C’est chez eux que l’on rencontre aujourd’hui ce bonheur des couleurs primaires, ces dissonnances joyeuses qui ont l’évidence des mandalas.

Embarquez à bord du vaisseau d’Alexandro Garcia, c’est une vraie fête de l’oeil.


 Este se llama : La copa cosmica, 2007. encre noire sur carton, 36 x 23 cm - - copyright Galerie Christian Berst

Este se llama : La copa cosmica, 2007. encre noire sur carton, 36 x 23 cm – – copyright Galerie Christian Berst



A NOTER :

Jeudi 15 décembre à 19h, discussion « Occulte, ovnis et art brut  » avec Maxence Layet (Revue Orbs), Philippe Beaudouin ( France Culture) et Christian Berst.

« No estamos solos II », une exposition d’Alexandro Garcia, Galerie Christian Berst, 3-5, passage des Gravilliers 75003 Paris, jusqu’au 17 janvier.