Balade arlésienne


©David Fathi, Sans titre (route et cellule HeLa), série Le Dernier Itinéraire de la femme immortelle, 2017. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.


Ceci n’est pas le bilan des Rencontres de la photographie d’Arles 2017. Encore moins un palmarès des expositions. Mais une balade, un café en terrasse, quelques embrassades et bien sûr, de l’anti-moustique. Une vision subjective, parcellaire, destinée à rebondir après une semaine de photographies et de regards intenses.


Pour commencer, je me suis passionné pour le nouveau travail de David Fathi, Le Dernier Itinéraire de la Femme Immortelle, présenté tout au fond d’un des nouveaux lieux des Rencontres joliment baptisé Croisière.

©David Fathi, vue d’installation, Rencontre d’Arles 2017, avec l’aimable autorisation de l’artiste.


Il y a tout ce que j’aime dans ce projet :
– Un propos ambitieux, en forme de réflexion philosophico-scientifique, et même une dimension cosmique.
– Une qualité visuelle : David Fathi a inventé une forme plastique pour donner à voir l’invisible, c’est-à-dire, l’image d’un phénomène.
– Une dimension autobiographique : l’auteur cherche sa place dans son histoire, il y intervient comme un personnage directement impliqué.
– Et bien sûr, un rapport étroit entre texte et image.



©Apolline Lamoril


Autre narration en images, celle d’Apolline Lamoril, aux Ateliers de la Mécanique. Je fonds pour cette enquête policière à propos d’un fait divers survenu au Casino de Bandol à la fin des années soixante. L’ensemble prend la forme d’une rêverie poétique pleine de références (Homère, l’extraordinaire tableau de Böcklin, L’île des morts), avec une belle écriture photographique qui mêle archives, textes et photos de l’auteur.
On bavarde un peu sur Messenger et on se donne rendez-vous pour le lendemain. Evidemment, Apolline cite l’écrivain allemand W.G Sebald, passion commune (elle citera aussi Stéphanie Solinas et Patrick Van Caeckenbergh). Elle fonde sa démarche sur les coïncidences, les échos, les analogies, le tout s’inscrivant, comme chez Sebald, dans une logique toute personnelle. Tirant un fil narratif fragile qui tisse intériorité et extériorité.






Elle dit que son travail n’est pas fini, que la fin se rejoue à chaque fois qu’elle le présente. Elle dit que cette histoire lui plaît beaucoup, qu’elle ne veut pas la quitter. Que, peut-être, elle ne la quittera jamais, que ce sera le travail de toute sa vie.



©Apolline Lamoril


Nocturnes, ©Juliette Agnel, Galerie Françoise Paviot



Et puis, on a regardé les étoiles, celles des nuits de Juliette Agnel, une des douze artistes du Prix Découverte, présentée par la galerie Françoise Paviot. Juliette raconte tout : la virée familiale en camping-car dans le désert des Bardenas, en Espagne (oui, celui dans lequel Clint Eastwood mâchouille ses cigarillos pour l’éternité), un chien un peu inquiétant, l’Observatoire du Pic du Midi. Et puis on parle de sa technique, qui rappelle les marines de Gustave Le Gray, de la nuit contemplée depuis la falaise de Bandiagara, en pays Dogon, de la déesse égyptienne Nout, mère de tous les astres, dont le corps enrobe la terre et porte la voûte céleste. On nage en plein rêve.



Nocturnes, ©Juliette Agnel, Galerie Françoise Paviot

Enfin, petit clin d’oeil aux aficionados de l’objet photographique avec les photos sur céramique de Mélodie Meslet, beau travail découvert dans les lectures des Voies Off.

©Mélodie Meslet, Terre Burkinabée

(À suivre)