Palmarès commenté de nos meilleurs portfolios arlésiens vus et lus aux Voies Off.
English version included below
Ah, les lectures des Voies Off, véritable institution des Rencontres d’Arles ! D’un côté, l’expert déshydraté qui guette le moindre coin d’ombre de la Cour de l’Archevêché. De l’autre, le jeune photographe dont on ne saurait dresser un profil exact : il est parfois quasi vierge de tout contact avec le milieu photographique et s’avance avec prudence, voire naïveté. Mais il peut aussi avoir une pratique déjà mûre. Il n’est pas forcément jeune. Parfois estonien ou coréen, propulsant certaines lectures dans un dépaysement revigorant. Plein d’enthousiasme ou un peu confus. Bref, il est plusieurs.
Mais il y a une qualité que partagent toutes et tous ces photographes : un certain courage. Parce que toutes et tous ont fait un bilan de leur travail, ont tenté d’articuler un discours pour l’accompagner et acceptent de présenter leurs photos devant le jugement et les commentaires de leurs interlocuteurs.
Alors, cette chronique leur est dédiée tout spécialement : ViensVoir a choisi de publier des extraits des 5 meilleurs portfolios qui lui ont été présentés au cours de cette semaine de lecture. Ces coups de coeur représentent des travaux qui nous ont semblé aboutis et cohérents, tant sur le fond que sur la forme ; mais il reste encore un travail d’éditing à faire pour que ces photos viennent peut-être enrichir les prochaines rencontres !
Isabeau de Rouffignac
Isabeau nous a beaucoup touchés avec son travail sur la catastrophe du Bhopal. Son langage visuel précis, poétique et dur à la fois, nous a impressionnés.
Fabien Fourcaud
Fabien travaille autour de la notion du simulacre de nature dans les villes et même au musée. Son travail, qui joue avec l’absence et le trompe-l’oeil est visuellement fort et exécuté avec méticulosité.
José Luis Carillo
Nous avons apprécié le travail documentaire de José Luis, lequel explore la question du territoire. Il nous a montré une série exécutée avec brio et présentant une connexion forte avec la nature. Il interroge le rapport d’une petite communauté espagnole vivant en autarcie avec son environnement.
Fanny Rezig
Nous avons eu un coup de coeur pour cette série intimiste qui se développe en deux chapitres et qui raconte l’histoire d’un amour qui finira mal. Nous n’avons qu’une hâte : voir le chapitre 3 !
Matjaz Rust
Matjaz nous ouvre les portes de la diaspora Slovène aux Etats-Unis, en Australie et en Argentine. Qu’est ce que l’on garde de sa culture d’origine lorsque l’on quitte son pays ? Une série bien exécutée.
Et nous avons tenu à remettre une mention spéciale à Francis Jalain. A travers lui, nous avons voulu récompenser ces routards de la photo qui ne sont plus tout à fait de jeunes photographes mais jouent le jeu de ces lectures et acceptent de voir leur pratique critiquée et questionnée, parfois par des lecteurs beaucoup plus jeunes.
Alors certes, déceler des micro-paysages dans les traces de patine ou d’usure de murs ou de matières naturelles n’est pas tout à fait nouveau. Mais de notre côté, il nous semble que pour ces images, le plan large est presque plus riche que le plan rapproché : il le contient et le remet en scène dans un paysage différent, décalé. Comme si la banalité d’un lieu recélait toujours des diamants potentiels. Une réflexion que Francis a su accueillir avec intérêt, avant de nous régaler de quelques histoires de sa bio de photographe.
Une seule conclusion après ces journées de lectures : amis photographes, travaillez votre portfolio en profondeur, votre discours aussi, et lancez-vous pour le montrer !
Article de l’équipe de rédaction de ViensVoir
Le site des Voies Off ici.
Our best portfolio reviews at the VOIES OFF
Ah, the portfolio reviews at the Voies Off in Arles! On the one hand, the dehydrated expert who watches out for the slightest shadow of the Cour de l’Archevêché. On the other hand, the young photographer, whose exact profile cannot be drawn up: he is sometimes almost devoid of any contact with the photographic milieu and advances with caution, even naivety. But he may also have a mature practice. He’s not necessarily young. Sometimes Estonian or Korean, propelling certain readings into an invigorating exoticism. Full of enthusiasm or a little confused. Anyway, there are several.
But there is one quality that all these photographers share: a certain courage. Because everyone has reviewed their work, has tried to articulate a speech to accompany it and agrees to present their photos before the judgment and comments of their interlocutors.
So, this column is especially dedicated to them: ViensVoir has chosen to publish excerpts from the 5 best portfolios presented during this week’s reading. These favorites represent works that seemed successful and coherent, as much on the content as on the form but there is still editorial work to do so that these photos may enrich the next meetings ! Ranking list with comments.
Isabeau de Rouffignac
Isabeau touched us a lot with her work on the Bhopal disaster. Her precise visual language, poetic and hard at the same time, impressed us.
Fabien Fourcaud
Fabien works around the notion of the simulacrum of nature in cities and even in museums. His work, which plays with absence and trompe-l’oeil is visually strong and meticulously executed.
José Luis Carillo
We appreciated the documentary work of José Luis, who explores the question of territory. He showed us a series executed with brio and presenting a strong connection with nature. He questions the report of a small Spanish community living in autarky with its environment.
Fanny Rezig
We had a crush for this intimist series which develops in two chapters. We have only one hurry: see chapter 3!
Matjaz Rust
Matjaz opens the doors of the Slovenian diaspora to the United States, Australia and Argentina. What do you keep of your culture of origin when you leave your country? A well executed series.
And we wanted to give a special mention to Francis Jalain. Through him, we wanted to reward these seniors who play the game of these readings and accept to see their practice criticized and questioned, sometimes by much younger readers.
So certainly, to detect micro-landscapes in the traces of patina or wear of walls or natural materials is not of a mad originality. But on our side, it seems to us that for these images, the wide shot is almost richer than the close shot: it contains it and puts it in scene in a different landscape, shifted. As if the banality of a place always concealed potential diamonds. Francis welcomed this reflection with interest.
Only one conclusion after these days of reading: friends photographers, work your portfolio in depth, your speech too, and launch yourself to show it!