Stéphane Duroy : le photographe qui se retourne contre ses images ?

Berlin, Chute du mur, décembre 1989, L’Europe du silence © Stéphane Duroy
Berlin, Chute du mur, décembre 1989, L’Europe du silence © Stéphane Duroy

« Photo d’évocation » : le terme est revenu à plusieurs reprises dans la bouche de Stéphane Duroy pour caractériser ses images. Stéphane Duroy : l’un de mes héros de jeunesse. Une manière de photographier totalement démarquée du photoreportage, sans effet appuyé, si loin de toute expressivité. Je me souviens de ses quelques photos du camp d’Auschwitz : une vue latérale, preque fuyante, à travers un rideau de buée ou de neige, baraquements à peine identifiables, barbelés confinés à la limite du cadre, contrastes étouffés. Une photo comme un état d’âme. Les autres images, quasi-neutres, rephotographiant quelques panneaux du musée du camp.

La photo n’a pas besoin de grandiloquence quand elle cherche à s’inscrire dans un récit global. Pour Stéphane Duroy, celui de l’Histoire.


Double page réalisée à partir du livre Unknown en 2015
Double page réalisée à partir du livre Unknown en 2015



On retrouve tout cela dans la première salle de l’exposition que Le Bal consacre à Stéphane Duroy. Tout cela sur un fond de papier peint qui devrait être matière à débat. Et puis, on descend les escaliers, et là, ce ne sont plus des photographies mais plusieurs livres de Stéphane Duroy remaniés, découpés, peints, collés d’ajouts de papier peint (tiens, le revoilà) ou d’articles de journaux. Par l’auteur lui-même. Qui tague aussi. Trente exemplaires défectueux du même livre qu’il recompose et retravaille à l’infini. Son oeuvre comme une matière première qu’il revisite chaque jour. Pour le moins très surprenant.


Double page réalisée à partir du livre Unknown en 2015
Double page réalisée à partir du livre Unknown en 2015



« Ma méthode de travail, c’est la destruction » dit-il. Une phrase sur laquelle j’ai très envie de le faire parler. On va préparer une interview. A très vite.