C’est une exposition légère comme une plume qui est venue se poser sur une des mezzanines du Musée du Quai Branly. Légère et pourtant riche de beauté et de sens, puisque la plume (c’est le sujet de l’exposition) est plus qu’un matériau fragile et précieux : un savoir-faire ancestral propre aux plumassiers aztèques qui, au XVIème siècle, fera l’admiration des conquérants espagnols. Lesquels sauront s’approprier ce savoir-faire pour des tableaux religieux qui évangéliseront d’autant plus efficacement qu’ils auront adoptés ces métissages formels.
Mais cette (petite) exposition ne se contente pas de présenter des pièces superbes (rien ne me touche plus que ces formes d’art qui n’ont quasiment pas laissé de trace) : elle en étudie la symbolique et la portée politique. Car c’est tout le continent américain que l’imaginaire occidental a ensuite paré de plumes et de quelques autres symboles (nudité, cannibalisme, sacrifices) destinés à révéler une nature intermédiaire entre humanité et animalité, comme l’explique dans une passionnante interview, Pascal Mongne, spécialiste de l’Histoire des arts des Amériques.
Un art complètement perdu ? Pas tout à fait, comme le prouvent les créations de Nelly Saunier, une artiste plumassière contemporaine d’une incroyable virtuosité (http://www.nelly-saunier.com).
EXPO :
« Plumes, visions de l’Amérique précolombienne », Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Atelier Martine Aublet, jusqu’au 29 janvier 2017