« Photo d’évocation » : le terme est revenu à plusieurs reprises dans la bouche de Stéphane Duroy pour caractériser ses images. Stéphane Duroy : l’un de mes héros de jeunesse. Une manière de photographier totalement démarquée du photoreportage, sans effet appuyé, si loin de toute expressivité. Je me souviens de ses quelques photos du camp d’Auschwitz : une vue latérale, preque fuyante, à travers un rideau de buée ou de neige, baraquements à peine identifiables, barbelés confinés à la limite du cadre, contrastes étouffés. Une photo comme un état d’âme. Les autres images, quasi-neutres, rephotographiant quelques panneaux du musée du camp.
La photo n’a pas besoin de grandiloquence quand elle cherche à s’inscrire dans un récit global. Pour Stéphane Duroy, celui de l’Histoire.
On retrouve tout cela dans la première salle de l’exposition que Le Bal consacre à Stéphane Duroy. Tout cela sur un fond de papier peint qui devrait être matière à débat. Et puis, on descend les escaliers, et là, ce ne sont plus des photographies mais plusieurs livres de Stéphane Duroy remaniés, découpés, peints, collés d’ajouts de papier peint (tiens, le revoilà) ou d’articles de journaux. Par l’auteur lui-même. Qui tague aussi. Trente exemplaires défectueux du même livre qu’il recompose et retravaille à l’infini. Son oeuvre comme une matière première qu’il revisite chaque jour. Pour le moins très surprenant.
« Ma méthode de travail, c’est la destruction » dit-il. Une phrase sur laquelle j’ai très envie de le faire parler. On va préparer une interview. A très vite.