Au coeur d’un prix qui nous tient à coeur, le Prix Virginia, consacré aux femmes photographes.
English version included below
Mais qui est Virginia ? Une aïeule, pianiste, et inspiratrice du Prix auquel elle a donné son prénom. Un prix porté aujourd’hui par Sylvia Schildge, photographe-plasticienne et petite-fille de Virginia, associée à Marie Descourtieux, productrice de projets artistiques.
Viensvoir les a rencontrées pour en savoir un peu plus sur ce prix.
Viensvoir : quelles sont les spécificités du Prix Virginia ?
Sylvia Schildge : en 2012, il nous est apparu assez évident de créer un prix qui puisse s’adresser aux femmes photographes. Quand nous avons commencé à y réfléchir, nous avons mené une étude portant sur les principaux prix photo des 25 dernières années. Les chiffres révélaient que seulement 22 femmes avaient été primées sur 487 candidatures. C’était éloquent ! Il serait temps de renouveler cette étude, et on peut espérer que les chiffres seraient légèrement différents, puisqu’il y a aujourd’hui plusieurs initiatives qui visent à rééquilibrer la représentation féminine.
Marie Descourtieux : mais il faut être clair, ce n’est pas un prix féministe. Les sujets traités ne sont pas particulièrement militants.
Sylvia Schildge : nous avons aussi voulu que, contrairement à beaucoup de prix, le nôtre soit sans limite d’âge.
Viensvoir : y a-t-il une orientation artistique particulière ?
Sylvia Schildge : c’est très ouvert, même si nous recherchons moins du photoreportage (il y a déjà plusieurs prix qui y sont consacrés) ; le prix ne s’adresse pas non plus à la photo de mode ou publicitaire. Il n’est pas nécessaire d’avoir une très longue carrière derrière soi : Sian Davey, qui a été lauréate en 2016 n’avait, à ce moment-là, commencé la photo que depuis 5 ans.
Marie Descourtieux : et c’est un prix international puisque 45 à 50 pays sont représentés à travers 500 candidatures.
Viensvoir : je me pose toujours la question du regard sexué. Croyez-vous qu’il soit possible de dire, en regardant une oeuvre, si c’est un homme ou une femme qui l’a faite ?
Marie Descourtieux : certainement pas. On le voit très bien à travers les candidatures : il y a des sensibilités complètement différentes. Ce que nous défendons, c’est une mise en lumière du travail des femmes photographes, mais il ne faut pas essentialiser la photo et penser qu’il y aurait une spécificité du regard féminin ou masculin.
Viensvoir : je voudrais parler un peu plus du dossier de candidature, et notamment du texte d’accompagnement.
Marie Descourtieux : il s’agit d’une déclaration d’intention. Ce n’est pas un texte littéraire, écrit par un critique d’art. Il doit être écrit par l’artiste elle-même. Il ne sera pas jugé sur la qualité de l’écriture et d’ailleurs, la sélection se fait en premier sur les images. Disons qu’il vient en appui, si besoin, de la série présentée. Je dois dire que nous recevons des textes d’artistes assez profonds, dans lesquels on sent qu’ils font le point sur leur pratique. Je pense ici au texte sur sa fille trisomique que nous avait envoyée Sian Davey, la première année où elle s’est présentée.
Viensvoir : et maintenant, quelles sont les prochaines étapes ?
Sylvia Schildge : les candidatures seront closes le 7 mai 2018 (date d’envoi), puis le jury se réunira à la mi-septembre et la lauréate sera annoncée le 9 octobre.
Merci à toutes deux et, bien sûr, Viensvoir va suivre de très près l’annonce de la prochaine lauréate.
La dotation du prix et le règlement complet sont à retrouver sur le site du Prix Virginia. Il est à noter que, en plus de la lauréate, dix dossiers seront sélectionnés et bénéficieront d’une publication dévoilée chaque mois sur le site.
Et la très belle série de Sian Davey, lauréate 2016 est ici.
English version
All prizes are open to women photographers, but this one is only for them.
At the heart of a prize that is close to our hearts, the Virginia Prize, dedicated to women photographers.
But who’s Virginia? A grandmother, pianist, and inspirer of the Prize to which she gave her first name. A prize carried today by Sylvia Schildge, photographer-plastician and granddaughter of Virginia, associated with Marie Descourtieux, producer of artistic projects.
Come and meet them to learn a little more about this award.
Viens voir: what are the specificities of the Virginia Prize?
Sylvia Schildge: In 2012, it seemed quite obvious to us to create a prize that could address women photographers. When we started thinking about it, we conducted a study of the main photo awards over the past 25 years. The figures revealed that only 22 women had been awarded out of 487 applications. That was eloquent! It would be time to repeat this study, and we can hope that the figures would be slightly different, since there are now several initiatives aimed at rebalancing the representation of women.
Marie Descourtieux: but we must be clear, this is not a feminist prize. The subjects dealt with are not particularly militant.
Sylvia Schildge: we also wanted that, contrary to many prices, ours be without age limit.
Viens voir: is there a particular artistic orientation?
Sylvia Schildge: it’s very open, even if we’re looking for less photojournalism (there are already several awards dedicated to it); the award isn’t for fashion or advertising photography either. It is not necessary to have a very long career behind you: Sian Davey, who won the award in 2016, only started photography 5 years ago.
Marie Descourtieux: and this is an international prize since 45 to 50 countries are represented through 500 applications.
Viens voir: I always wonder about art and gender. Do you think it is possible to tell, by looking at a work, if it was made by a man or a woman?
Marie Descourtieux: certainly not. It is very clear from the applications: there are completely different sensitivities. What we defend is a highlighting of the work of women photographers, but we must not essentialize photography and think that there would be a specificity of the female or male gaze.
Viens voir: I would like to talk a little more about the application file, and in particular the accompanying text.
Marie Descourtieux: this is a declaration of intent. It is not a literary text, written by an art critic. It must be written by the artist herself. It will not be judged on the quality of the writing and besides, the selection is made first on the images. Let us say that it supports, if necessary, the series presented. I must say that we receive texts that are quite profound.For instance, I am thinking here of the text about her daughter with Down syndrome that Sian Davey sent us the first year she applied for the price.
Viens voir: and now, what are the next steps?
Sylvia Schildge: applications will close on 7 May 2018 (date of submission), then the jury will meet in mid-September and the winner will be announced on 9 October.
Thank you both and, of course, Viensvoir will be following the announcement of the next winner very closely.
The prize money and the complete rules can be found on the Virginia Prize website. It should be noted that, in addition to the winner, ten applications will be selected and will benefit from a publication unveiled each month on the site.
And the beautiful Sian Davey series, winner 2016 is here.