Dans la foire aux mille séductions, il arrive qu’une oeuvre se détache et touche au coeur. Je l’ai rencontrée au détour d’une allée, j’ai pensé que ce n’était pas mon type mais je l’ai regardée, intensément. J’ai essayé de résister, de me dire que, des comme elles, j’en avais déjà rencontrées, qu’elle n’était pas entièrement originale. Mais je sentais que quelque chose en moi se désancrait, et que je commençais à succomber.
Ce n’était pas une pure attraction physique : je suis assez peu sensible au surréalisme, à ses énigmes et à sa poésie de collision. Quant au classicisme, je n’en fais pas la plus haute qualité esthétique. Non, c’était… Peut-être le mélange d’élégance et de clarté, quelque chose d’un peu facile et pourtant sans défaut. Efficacité, ce ne serait pas un mot très glamour ; évidence ne veut rien dire. Alors disons, magnétisme.
Nous nous sommes regardés de longues secondes. Puis quittés. Comme ça.
Mais au détour d’une allée, sur un autre mur, je l’ai revue. Sans savoir que c’était elle à nouveau. L’oeuvre m’a encore attiré. Pour d’autres raisons, plus intellectuelles celles-là, et par l’écho qu’elle éveillait, me rappelant une autre oeuvre qui m’inspirait beaucoup. Je me suis abandonné à ses glissements visuels. Je l’ai considérée avec sérieux mais j’ai aussi aimé l’entendre rire. A la fin, j’ai écrit le nom de son auteur sur mon carnet. Un jour, peut-être, je l’oublierai.
Noé. Noé Sendas.