p>Après un premier article consacré au photobook comme substitut possible de l’exposition (à lire ici), Olenka Carrasco est allée rencontrer une créatrice de livres photos très singuliers : Lea Habourdin.
(Versión española al final del artículo en francés, english version included below)
La carrière de Léa Habourdin est bien cohérente sur la scène photographique française. Elle a été exposée dans différents festivals : Rencontres d’Arles, Photo Phnom Penh – Cambodge, Festival de Kaunas – Lituanie, Festival de Lianzhou – Chine. Associée à Thibault Brunet elle remporte la Carte Blanche PMU en 2014 et son œuvre fait désormais partie des collections publiques et privées. Elle dirige aussi l’atelier 104 de Photo Gravure des Ateliers de Beaux-Arts de la Ville de Paris.
Mais ce qui m’intéresse le plus chez Habourdin, c’est la relation étroite qu’elle entretient avec la création, la conception et l’univers du livre. En plus de créer et d’éditer ses propres livres, Léa génère autour de ses propres livres un univers riche où la performance est incluse. La retrouver aux festivals quand elle dédicace ou parle de ses livres est une expérience intéressante. Elle est capable de mettre le livre au centre de l’univers de son œuvre, ou de déconstruire un de ses livres pour le disséminer parmi 32 lecteurs différents qui devraient se réunir pour pouvoir le rassembler.
OLEÑKA: Depuis combien de temps travaillez-vous sur la création, l’édition et la publication de photobooks ?
LÉA: Quand j’y repense, j’ai commencé à travailler le livre-photo à l’envers. En 2010, j’avais donc reproduit en fac-similé tout un carnet de recherches, notes et croquis pour le mettre au mur page à page : c’est le livre qui est devenu une image encadrée plutôt que l’inverse. Par la suite, en 2013, déconcertée par un isolement certain (j’habitais alors une petite ville d’Angleterre), j’ai commencé à imprimer de petits objets assez simples (une feuille 20×30 pliée en 4) qui étaient envoyés chaque mois à une communauté d’abonnés. C’est une expérience qui a duré plusieurs années, je recevais de nombreux retours, des mots, les gens m’en parlaient comme de petits trésors perdus dans leur boîte aux lettres entre deux factures. Je pense que c’est vraiment là que tout est devenu possible, simple et amusant pour moi.
Par la suite, j’ai publié deux monographies en 2015, Les Immobiles (avec Thibault Brunet) avec Filigranes et Chiens de fusil chez le Bec en l’air. Tous deux ont vu le jour grâce à des prix (Carte Blanche PMU et La photographie Marseille). J’ai continué mon travail envoyé aux abonnés, j’envoie le dernier numéro du projet appelé « Protocole » ce mois-ci. J’ai auto-publié un livre fou, qui me prend 10 heures de façonnage par exemplaire et qui est un objet mouvant : And everything becomes nothing again. Enfin, l’année dernière est sorti Survivalists avec Fuego Books, et je prépare deux expositions personnelles de ce travail pour cet automne ; encore une fois c’est le livre qui existe avant l’exposition.
OLEÑKA: Quelle est votre relation avec le livre (l’objet) ?
LÉA: C’est la relation aux matériaux qui m’inspire. Le papier a une résistance, une transparence et le pli qu’il forme pour devenir livre est toujours émouvant. J’ai la chance de savoir façonner des livres, et ce savoir artisanal me donne une liberté de création qui est précieuse. J’ai chez moi une boîte dans laquelle je range mille et une maquettes. Je ne parle pas de dummies, mais de morceaux de papiers pliés, cousus, découpés, des façons de faire différentes et surprenantes que j’ai apprises ou inventées sur un coin de table. Parfois même j’ai envie de faire un projet uniquement parce que je sais exactement comment je veux que le « livre » soit. J’écris « livre » entre guillemets car il faut imaginer ces idées et ces maquettes comme des objets où quelquefois aucune page ne se tourne. C’est une façon de créer qui est très proche du jeu ou de la résolution de problèmes mathématiques ; ce faisant on se rend compte instantanément des limites et des points de liberté, le résultat est immédiat et la maquette tient dans une main.
OLEÑKA: En ce qui concerne le public, qu’est-ce qu’un livre photo a de plus qu’une exposition?
LEA: Je n’ai pas le réflexe de penser dans ce sens, je pense que c’est assez stérile de les opposer alors que de les mettre ensemble sur un même bateau est une question qui me passionne en ce moment. Comme je vous l’ai dit, Survivalists va être présenté dans la galerie du Musée GoEun en Corée du Sud cet automne, grâce à une programmation de l’Alliance Française et je suis en train de concevoir une scénographie intégrant le livre au centre. Je pourrais aussi parler d’ And everything becomes nothing again, un livre que j’ai exposé chez Deyrolle grâce à une installation convoquant caméra de vidéo surveillance et isoloir…
OLEÑKA: Parlez-moi de votre projet Deconstructing Léa’s photobook…
LÉA: And everything becomes nothing again est un livre-oiseau de 1030 pages ; comme je vous l’ai raconté, je mets près de 10 heures à le façonner. A l’automne dernier il a fait partie de la programmation de Photo Saint Germain et a été exposé chez Deyrolle. Nous avons programmé une performance Relier-Délier où j’invitais la maison d’édition Charlotte Sometimes et trois écrivains pour créer un objet en regard de ce livre. Lors de la performance j’ai entièrement déconstruit la reliure de And everything becomes nothing again c’était un moment très intense. Ainsi les 32 cahiers qui constituent le livre sont maintenant aux mains de 32 personnes différentes, et ils faudrait les convoquer dans une même pièce pour avoir le livre dans son ensemble.
OLEÑKA: Est-ce que le fait d’avoir déconstruit votre livre nous donne la possibilité d’avoir une mini exposition de Léa Habourdin dans notre salon, si nous accrochons simplement les folios au mur ?
LÉA: Je n’y ai pas pensé mais si vous voulez !
Chez Léa Habourdin on trouve aussi un changement de paradigme. Le livre est souvent pensé avant l’exposition, il peut devenir le centre, il peut se déconstruire pour se transformer, mais aussi sa maquette peut exister avant même de trouver un contenu qui la remplisse. Je finis mon entretien avec Léa en lui demandant si elle croit que l’autoédition est un moyen de sortir du circuit classique et fermé des expositions en permettant aux photographes en début de carrière de se montrer, de s’exposer eux-mêmes. Je trouve dans sa réponse une certaine clarté par rapport à cette espèce de devoir-faire : choisir un format adéquat quand on se trouve au début de carrière, “ça dépend bien sûr de la sensibilité du photographe et de son projet. Pour ma part, je pense que, quoi qu’il arrive, il faut explorer vers ce qui nous amuse. C’est une erreur, lorsqu’on est en début de carrière, de tenter à tout prix de suivre des chemins qu’on pense obligés.”
Pour connaître un peu mieux le travail de Léa Habourdin : site / instagram
Par la suite, rendez-vous avec Claire Jolin, son projet éditorial Éditions Orange Claire et la sortie de son dernier ouvrage appelé FENSCH :
“FENSCH est une fiction photographique sur la vallée des anges, une vallée sidérurgique au nord de Metz, là où je suis née, où je vis et travaille encore aujourd’hui.” Une collaboration entre la photographe (ici également éditrice) et un graphiste-poète. Projet qui a vu le jour fin 2017 parce qu’il a atteint l’objectif de 109% lors d’un crowdfunding lancé pour la réalisation de l’édition de ces 300 exemplaires…
À vendredi prochain pour la troisième et dernière partie de ce dossier.
Écrivaine et photographe, Oleñka Carrasco mettra son accent au service de Viens Voir une fois par mois, pour la découverte de photobooks, livres d’artistes, livres de photo-texte, mais aussi des éditeurs indépendants. Bref, toutes les tendances de l’objet livre. Fanatique de la création d’histoires, elle sera notre guide d’exploration dans le monde des livres.
ESPAÑOL
Léa Habourdin: el fotolibro en experimentación total
Después de publicar un primer artículo consagrado al photobook como posible sustituto de la exposición (puedes leerlo aquí ), Oleñka Carrasco va al encuentro de una creadora de libros de foto muy singular: Léa Habourdin
La trayectoria de Léa Habourdin es bastante consecuente en la escena fotográfica francesa. Ha sido expuesta en distintos festivales: Rencontres d’Arles, Photo Phnom Penh – Cambodge, Kaunas festival – Lituanie, Lianzhou festival – Chine. Ganó junto a Thibault Brunet la Carte Blanche PMU en 2014 y su trabajo ya forma parte de colecciones públicas y privadas, además de llevar el Taller 104 de FotoGrabado en los Ateliers de Beaux Arts de la Ciudad de París. Pero sobre todo lo que más me interesa de Habourdin es la relación estrecha que tiene con la creación, concepción y el universo del libro. Además de configurar y autoeditar libros propios, Léa genera alrededor de sus propios libros un rico universo donde la performance está incluida. Toparse con ella firmando o hablando de sus libros en los Festivales es una experiencia interesante, ella es capaz de poner al libro en el centro del universo de su obra, como ella misma explica con respecto a su próxima exposición en Corea.
OLEÑKA: ¿Cuánto tiempo lleva trabajando en la creación, edición y publicación de álbumes de fotos?
LÉA: Cuando lo pienso, empecé a trabajar en el álbum de fotos al revés. En 2010, había reproducido en facsímil un libro entero de investigación, notas y bocetos para ponerlo en la pared página por página, es el libro que se convirtió en imagen enmarcada en lugar de al revés. Entonces, en 2013, desconcertada por un cierto aislamiento (vivía en un pequeño pueblo de Inglaterra), empecé a imprimir pequeños objetos simples (una hoja de 20×30 doblada en 4 hojas) que se enviaban cada mes a una comunidad de suscriptores. Fue una experiencia que duró varios años, recibí muchos comentarios, la gente me hablaba de mis envíos como pequeños tesoros perdidos en su buzón entre dos facturas. Creo que ahí es donde todo se hizo posible, sencillo y divertido para mí…
OLEÑKA: ¿Cuál es su relación con el libro (el objeto)?
LÉA: Es una relación con los materiales lo que me inspira. El papel tiene resistencia, transparencia y el pliegue que forma para convertirse en libro siempre se mueve. Tengo la suerte de saber cómo hacer libros de moda, y este conocimiento artesanal me da una libertad creativa que es preciosa. Tengo una caja en casa en la que guardo mil y un modelos. No estoy hablando de muñecos, sino de trozos de papel doblados, cosidos, cortados, diferentes y sorprendentes formas de hacer cosas que aprendí o inventé en una esquina de la mesa. A veces incluso quiero hacer un proyecto sólo porque sé exactamente cómo quiero que sea el « libro ». Escribo un libro entre comillas porque hay que imaginar estas ideas y modelos como objetos donde a veces no hay páginas. Es una forma de crear que está muy cerca de jugar o resolver problemas matemáticos, al darse cuenta instantáneamente de los límites y puntos de libertad, el resultado es inmediato y el modelo se sostiene en una mano.
OLEÑKA: Pensando en el público, ¿qué ofrece un libro de fotos que una exposición no tiene?
LEA: No tengo el reflejo de pensar en esta dirección, creo que es lo suficientemente estéril como para oponerme a ellos mientras que ponerlos juntos en el mismo barco es una pregunta que me apasiona ahora mismo. Como les dije, Survivalistas se presentarán en la galería del GoEun Museum de Corea del Sur este otoño, gracias a un programa de la Alianza Francesa y estoy diseñando una escenografía que integra el libro en el centro. También podría hablar de Y todo vuelve a ser un libro que expuse en la casa de Deyrolle gracias a una instalación de videovigilancia con cámara y aislador…
OLEÑKA: En cuatro líneas, cuéntame sobre tu proyecto de desconstrucción del libro de fotos de Léa…
LÉA: Y todo se convierte en nada otra vez es un libro de pájaros de 1030 páginas, como te dije me lleva casi 10 horas hacerlo. El otoño pasado formó parte del programa de Photo Saint Germain y fue expuesto en Deyrolle. Programamos una representación Relier-Délier donde invité a la editorial Charlotte Sometimes y a tres escritores a crear un objeto para este libro. Durante la actuación deconstruí completamente la encuadernación de Y todo se convierte en nada otra vez fue un momento muy intenso. Así que los 32 cuadernos que componen el libro están ahora en manos de 32 personas diferentes, y tendrían que ser convocados juntos en una habitación para tener el libro como un todo.
OLEÑKA: ¿El hecho de haber deconstruido su libro nos da la posibilidad de tener una mini exposición de Lea Habourdin en nuestro salón, si simplemente colgamos folios en la pared?
LÉA: ¡No lo pensé, pero si quieres !
En Léa Habourdin encontramos un cambio de paradigma. En ella a menudo el libro sucede antes de la exposición, él puede convertirse en el centro, él puede deconstruirse para transformarse, pero también puede existir en su maqueta antes incluso de encontrar un contenido que la complete. Termino mi entrevista con Léa preguntándole si cree que la autoedición es una forma de salir del circuito tradicional y cerrado de exposiciones, permitiendo que los fotógrafos al principio de su carrera se muestren/expongan. Encuentro en su respuesta una cierta claridad con respecto a este tipo de cuestiones: « depende por supuesto de la sensibilidad del fotógrafo y de su proyecto, por mi parte creo que, pase lo que pase, tenemos que explorar hacia lo que nos divierte. Es un error, cuando estás en el comienzo de tu carrera, intentar a toda costa seguir caminos que crees que debes seguir ».
En la próxima edición, conoceremos a Claire Jolin, su proyecto editorial Éditions Orange Claire y el lanzamiento de su último libro titulado FENSCH.
FENSCH « es una ficción fotográfica sobre el valle de los ángeles, un valle siderúrgico al norte de Metz, donde nací, donde vivo y trabajo hoy ». Una colaboración entre la fotógrafa (aquí también editora) y un diseñador-poeta. Un proyecto que nace a finales de 2017 gracias a haber alcanzado el objetivo del 109% de una financiación masiva (crowdfunding) lanzada para producir la edición de estos 300 ejemplares…
Para saber un poco más sobre la obra de Léa Habourdin: sitio / instagram
Escritora y fotógrafa, Oleñka Carrasco pondrá su acento al servicio de Viens Voir una vez al mes para descubrir fotolibros, libros de artistas, libros de foto-texto, así como editores independientes y festivales. Su principal interés: las tendencias del libro como objeto. Fanática de contar historias, ella se volverá nuestra guía de exploración en el descubrimiento del mundo de los libros.
English
Léa Habourdin: the photobook in total experimentation
After a first article devoted to the photobook as a possible substitute for the exhibition (here), Olenka Carrasco met a very unique photo book creator: Lea Habourdin.
Léa Habourdin’s career is quite consistent on the French photographic scene. She has been exhibited in various festivals: Rencontres d’ Arles, Photo Phnom Penh – Cambodia, Kaunas Festival – Lithuania, Lianzhou Festival – China. With Thibault Brunet, he won the Carte Blanche PMU in 2014 and his work is now part of the public and private collections. She also directs the studio 104 of Photo Gravure des Ateliers de Beaux-Arts de la Ville de Paris. Above all, what interests me most about Habourdin is his close relationship with the creation, design and universe of the book. In addition to creating and editing her own books, Léa creates a rich universe around her own books where performance is included. To find her at the festivals when she dedicates or speaks about her books to the Festivals is an interesting experience, she is able to put the book at the center of the universe of her work, as she explains it about her next exhibition in South Korea, or to deconstruct one of her books to disseminate it among 32 different lectores who should gather to be able to constitute the book again.
OLEÑKA: How long have you been working on creating, editing and publishing photobooks?
LÉA: When I think about it, I started working on the photo book backwards. In 2010, I had reproduced in facsimile a whole book of research, notes and sketches to put it on the page by page wall, it is the book that became framed image rather than the other way around. Then, in 2013, disconcerted by a certain isolation (I was living in a small town in England at the time), I started to print small simple objects (a 20×30 sheet folded in 4) that were sent each month to a community of subscribers. It was an experience that lasted several years, I received many returns, words, people spoke to me like little treasures lost in their mailbox between two invoices. I think that’s really where everything became possible, simple and fun for me. Then I published two monographs in 2015, Les Immobiles (with Thibault Brunet) with Filigranes and Dogs of rifle at the Bec en l’ air. Both were born thanks to prizes (Carte Blanche PMU and La photographie Marseille). I have continued my work sent to subscribers, I am sending the latest issue of the project called « Protocol » this month. I have self-published a crazy book, which takes me 10 hours of shaping per copy and which is a moving object, And everything becomes nothing again. Finally, last year released Survivors with Fuego Books, I’m preparing two solo exhibitions of this work for this fall, again it’s the book that exists before the exhibition.
OLEÑKA: What is your relationship with the book (the object)?
LÉA: It’s a relationship with materials that inspires me. The paper has resistance, transparency and the fold it forms to become a book is always moving. I am fortunate to know how to fashion books, and this craft knowledge gives me a creative freedom that is precious. I have a box at home in which I store a thousand and one models. I’m not talking about dummies, but pieces of paper folded, sewn, cut, different and surprising ways of doing things that I learned or invented on a table corner. Sometimes I even want to do a project only because I know exactly how I want the « book » to be. I write a book in quotation marks because you have to imagine these ideas and models as objects where sometimes no pages turn. It is a way of creating that is very close to playing or solving mathematical problems, by instantly realizing limits and points of freedom, the result is immediate and the model holds in one hand.
OLEÑKA: As far as the public is concerned, what more does a photo book have than an exhibition?
LEA: I don’t have the reflex to think in this direction, I think it’s sterile enough to oppose them while putting them together on the same boat is a question that I’m passionate about right now. As I told you, Survivalists will be presented in the GoEun Museum gallery in South Korea this fall, thanks to a program of the Alliance Française and I am designing a scenography that integrates the book in the centre. I could also talk about And everything becomes nothing again a book that I exposed at Deyrolle’s house thanks to an installation summoning video surveillance camera and isolator…
OLEÑKA: Tell me about your project Deconstructing Léa’s photobook…
LÉA: And everything becomes nothing again is a bird book of 1030 pages, as I told you it takes me almost 10 hours to make it. Last autumn, he was part of Photo Saint Germain’s program and was exhibited at Deyrolle. We programmed a Relier-Délier performance where I invited publishing house Charlotte Sometimes and three writers to create an object for this book. During the performance I completely deconstructed the binding of And everything becomes nothing again it was a very intense moment. So the 32 notebooks that make up the book are now in the hands of 32 different people, and they would have to be summoned together in one room to have the book as a whole.
OLEÑKA: Does the fact of having deconstructed your book give us the possibility to have a mini exhibition of Lea Habourdin in our living room, if we simply hang folios on the wall?
LÉA: I didn’t think about it, but if you want!
Léa Habourdin also has a paradigm shift. The book is often thought of before the exhibition, it can become the center, it can deconstruct to transform itself, but also its model can exist before even finding a content that fills it. I end my interview with Léa by asking her if she believes that self-publishing is a way to get out of the traditional and closed circuit of exhibitions by allowing photographers at the beginning of their career to show/exhibit themselves. I find in his answer a certain clarity with regard to this kind of homework: choosing a suitable format when we are at the beginning of our career, »it depends of course on the sensitivity of the photographer and his project, for my part I think that, whatever happens, we have to explore towards what amuses us. It’s a mistake, when you’re at the beginning of your career, to try at all costs to follow paths you think you have to. »
Then, meeting with Claire Jolin, her editorial project Éditions Orange Claire and the release of her latest book called FENSCH.
FENSCH « is a photographic fiction about the valley of angels, a siderurgical valley north of Metz, where I was born, where I live and work today. » A collaboration between the photographer (here also editor) and a graphic-poet artist. A project that was born at the end of 2017 thanks to having reached the 109% target of a crowdfunding launched to produce the edition of these 300 copies…
To learn a little more about the work of Léa Habourdin: website / instagram
Writer and photographer, Oleñka Carrasco will put her emphasis on the service of Viens Voir once a month, for the discovery of photobooks, artists’ books, photo-text books, but also independent publishers. In short, all trends of the book object. Fanatic about creating stories, she will be our guide to exploring the world of books.