L’art intensément poétique de Fiona Struengmann autopsié par Oleñka Carrasco, qui se livre de plus en plus.
(Versión española al final del artículo en francés, english version included below)
Voici ma théorie : certains livres nous choisissent, nous sélectionnent pour être leurs lecteurs, leurs conservateurs, leurs propriétaires.
Il y a peu de choses que j’aime autant que me balader dans les foires, salons, librairies et bibliothèques pour chercher mes livres. Mais parfois, ce sont les livres eux-mêmes qui m’appellent. Ces moments rares où un livre “voyage désespérément vers toi” sont inégalables.
Telle est mon histoire avec Just like you, but different, de Fiona Struengmann.
Pour que ces moments se produisent plusieurs fois, il faut des complices. Ces êtres qui savent (te) lire et qui tout d’un coup te voient apparaître entre les pages d’une oeuvre. “Quand je l’ai vu, c’était toi, j’ai pensé à toi, à l’auteure qui m’a raconté son histoire et j’ai pensé que tu aimerais l’écouter… ce livre est fait pour toi.” Quel plaisir de déchirer le papier cadeau qui couvre un livre et de découvrir que quelqu’un t’a lu sans se tromper !
Quand il ne reste plus que des bouts de papier en lambeaux par terre, je découvre la couverture rigide, d’un blanc cassé immaculé, du livre de Fiona. C’est agréable au toucher. Le format de la couverture est presque un A4 et sa texture est douce. Le nom de Struengmann et celui de l’oeuvre sont gaufrés ; d’une petite fenêtre supérieure, on peut voir ce qui est peut-être les traits de quelques mains entrelacées, de couleur marron – un dessin, une photographie. L’image nous trompe, et jusqu’à maintenant, je ne peux que dire : élégance pure !
Mon voyage commence, je navigue parmi les feuilles immaculées d’un livre sans pagination, mais dont je possède une copie signée et numérotée (123 sur 250). A peine un texte introductif, presque une image, quelques mots et phrases seuls à l’intérieur d’un livre, à la fin. Les images sont comme des métaphores de la nostalgie, et plus encore…
Struengmann trouve une archive, presque par le même hasard que celui qui m’a fait trouver son livre. Un marché aux puces, un étrange personnage qui s’approche d’elle, lui dit qu’il a quelque chose pour elle, lui donne rendez-vous, un lieu, un numéro de téléphone et elle se laisse tenter. Elle se retrouve dans un salon plein de boîtes et de cartons, plus de 7000 photographies, appartenant à une personne qui a collectionné des images pendant plus de 50 ans. Elle découvre toute une collection de souvenirs perdus de l’Allemagne de la première moitié du XXe siècle, où existait la première génération de photographes, selon ses propres mots. Dans les images, des familles, des lieux, des moments, des fragments de temps congelés. Une trouvaille précieuse, unique, qu’elle veut conserver intacte, jusqu’à ce que les images prennent vie et qu’un jeu commence.
“Certains éléments apparaissent devant mes yeux, comme isolés” – c’est là que Struengmann commence à manipuler les images en utilisant des solutions qui lui permettent de préserver certains éléments de l’image en y faisant disparaître d’autres. Elle utilise une substance très corrosive, dangereuse ; un jour, elle a dû manipuler cette solution avec ses mains sans protection, et y a perdu ses ongles. Elle s’est alors rendu compte du risque que cette manipulation impliquait, mais a continué à travailler. Le résultat, ce sont des images qui deviennent comme peintes avec des coups de pinceau : on y voit des petits bouts de corps, des apparitions, mais surtout des disparitions. Elle construit une espèce de cartographie de la mémoire et décide quels éléments deviennent sa “narration granulaire”.
Mais ensuite, il y a aussi des images auxquelles elle ajoute une matière. De la couleur. De la substance. Des coups de pinceau mécaniques de rouge ou de jaune qui se transforment en ce qu’il fallait à l’image pour être complète. “Dans ces images, il manquait quelque chose, alors je l’ajoutais, mais pas n’importe comment : il fallait être précise.” Alors nous assistons au dialogue d’un enfant avec un nuage, d’une femme avec une montagne. Il manquait à ces personnages quelque chose à regarder – Struengmann le leur fournissait.
En effet, dans Just like you, but different, nous assistons non seulement à la réappropriation unique d’une image du passé, mais aussi à la reconstitution d’une mémoire construite à base de souvenirs fragmentés – “c’est comme cela que fonctionne la mémoire, non ?” Struengmann m’explique qu’une question constante l’entoure, se sachant un microcosme dans cet univers : “Comment était tout cela avant que j’arrive ?” Alors, elle commence à reconstituer dans cette archive une histoire propre qu’elle ne connaissait pas et qui est soudainement devenu sienne.
Quand j’arrive aux pages finales du livre, je suis surprise par une page que je ne parviens pas à comprendre. Une phrase en en-tête : “Beelines of saying”, des lignes horizontales et des chiffres qui semblent laissés au hasard :
349,45
49,94
1,85
6488,31
3,78 le mot THANK YOU en lettres majuscules…
Je découvre, grâce à notre conversation, qu’il s’agit de la page de remerciements du livre : “Tant de personnes m’ont aidée dans ce projet, qu’au lieu de mettre leurs noms, j’ai voulu estimer la distance qui me séparait d’eux; les numéros sont la quantité de kilomètres entre chez moi et chez eux.” Nous sourions ensemble quand nous identifions quelqu’un qui vit à seulement 1,85 km et cette autre personne qui se trouve à plus de 6000 km.
Dans certains aspects, le livre de Fiona Struengmann est un dispositif ludique où l’on pressent et apprécie l’exercice de manipulation artisanale de l’image comme un objet artistique, comme une re-création. La photographie y abandonne son caractère documentaire pour devenir une image, une pièce unique. Au fond, et peut-être à cause de la blancheur absolue des pages de cette oeuvre, je devine une espèce de processus chirurgical dans la construction de ces images.
Fiona, tu ne trouves pas qu’en étant si blanc et jusqu’à un certain point précis, ton livre pourrait sembler un peu froid ?
Non, tout ce blanc, tout ce vide autour des pages, je le conçois comme un espace de respiration pour l’imagination du lecteur, et c’est là qu’il pourra enfin se recréer dans ses propres souvenirs.
Fiona Struengmann est née en Allemagne en 1986. Diplômée de la Parsons New School for Design à New York, elle travaille et vit entre Berlín et Munich. Elle a été exposée dans différents festivals, et a récemment été invitée à l’édition 2018 du Festival Circulations à Paris, au Photo London 2018 et à l’Unseen 2017. Prochainement, on pourra la trouver aux Voies Off des Rencontres Photographiques d’Arles, exposée dans la Little Big Gallery. Quelques unes des copies de son livre numérotées et signées peuvent s’acheter sur TIPI BOOKSTORE.
Écrivaine et photographe, Oleñka Carrasco met son accent au service de Viens Voir une fois par mois, pour la découverte de photobooks, livres d’artistes, livres de photo-texte, mais aussi des éditeurs indépendants. Bref, toutes les tendances de l’objet livre. Fanatique de la création d’histoires, elle sera notre guide d’exploration dans le monde des livres.
Reply to: hola@olenkacarrasco.com / https://www.instagram.com/olenkacarrasco/
*********
ESPAÑOL
Fiona Struengmann : Todo aquello que se oculta en el vacío
Mantengo la teoría de que muchos libros nos escogen, nos seleccionan como sus lectores, sus conservadores, sus dueños.
Pocas cosas disfruto tanto como el hecho de pasearme en ferias, salones, librerías y bibliotecas buscando mis libros pero esos raros y hermosos momentos en los que un libro “viaja desesperadamente hacia ti” son inigualables.
¡Esa es mi historia con Just like you, but different de Fiona Struengmann!
Para que esos momentos se produzcan muchas veces hacen falta cómplices. Esos seres que saben leer (te) y que de pronto te ven aparecer entre las páginas de una obra. “Lo vi, eras tú, pensé en ti, la autora me contó su historia e imaginé que te encantaría escucharla…este libro está hecho para ti”. ¡Cuanto placer en romper el papel de regalo que cubre un libro y descubrir que alguien te ha leído sin equivocarse!
Cuando sólo quedan los trozos de papel hechos jirones en el suelo, descubro la cobertura rígida, de un blanco roto impoluto del libro de Fiona. Es agradable al tacto. está hecho en una especie de A4 y la textura de la cobertura es suave. El nombre de Struengmann y el de la obra se encuentran gofrados en la cobertura; en una ventanita superior pueden verse, quizás los trazos de unas cuantas manos entrelazadas, en color marrón, un dibujo, una fotografía. La imagen nos despista, hasta ahora sólo puedo decir: ¡Elegancia pura!
Mi viaje comienza, navego entre las hojas blancas, limpísimas de un libro sin número de páginas pero del que sé que tengo la copia firmada número 123 de 250. Apenas un texto introductorio, casi una imagen, unas cuantas palabras y frases sueltas en el interior de libro y al final. Las imágenes son como metáforas de la nostalgia, y aún más…
Struengmann encuentra un archivo, casi con el mismo azar con el que yo encuentro su libro. Un Mercado de Pulgas, alguien extraño que se le acerca, le dice que tiene algo para ella, le da cita, un lugar, un teléfono y ella se deja llevar. Se encuentra en un salón lleno de cajas y cajones, más de 7000 fotografías, pertenecientes a una persona que durante más de 50 años colecciona imágenes. Se hace con un alijo de recuerdos perdidos de la Alemania de la 1era mitad del siglo XX en la que existía la primera generación de fotógrafos, según sus propias palabras. En las imágenes, familias, lugares, momentos, fragmentos de tiempo congelados. Un hallazgo precioso, único, que ella quiere conservar intacto, hasta que las imágenes toman vida propia y un juego comienza.
“Ciertos elementos se aparecían ante mis ojos, ciertos elementos parecían aislados”, es allí donde Struengmann comienza a manipular las imágenes utilizando soluciones que le permiten resguardar ciertos elementos de la imagen desapareciendo otros. Ella utiliza una sustancia bastante corrosiva, peligrosa, en uno de sus días de trabajo tuvo que manipular dicha solución con sus manos sin proteger, perdió sus uñas. Se dio cuenta del riesgo que implicaba pero siguió trabajando. El resultado son imágenes que se vuelven pinceladas, trocitos de cuerpos, apariciones, pero sobre todo desapariciones. Ella está construyendo una especie de cartografía de la memoria y decide qué elementos se vuelven su “narrativa granular”.
Pero luego, también hay imágenes a las que ella añade una materia. Color. Substancia. Mecánicas pinceladas de rojos o amarillos que se transforman en aquello que faltaba en la imagen para estar completa. “En esas imágenes faltaba algo, yo lo añado, no de cualquier manera, hay que ser precisos”. Entonces, asistimos al diálogo de un niño con una nube, al de una mujer con la montaña. A esos personajes les faltaba algo que mirar, Struengmann se los proporciona.
En efecto, en Just like you, but different asistimos no sólo a una reapropiación única de la imagen del pasado, sino también a la reconstitución de una memoria construida a base de recuerdos fragmentados, “es así como funciona la memoria ¿no?”. Struengmann me explica que una pregunta constante la rodea, sabiéndose un microcosmos en este universo ¿cómo era todo antes de que yo llegara aquí? Entonces, ella empieza a reconstituir en este archivo una historia propia que ella no conocía y que de pronto se vuelve suya.
Llegando a las páginas finales del libro, me sorprende una página que no logro entender. Una frase encabezando: “Beelines of saying”, líneas horizontales y cifras que parecen dejadas al azar,
349,45
49,94
1,85
6488,31
3,78 la palabra THANK YOU en letras mayúsculas…
Descubro gracias a nuestra conversación que se trata de la página de agradecimientos del libro, “tantas personas me ayudaron en este proyecto, que en lugar de poner sus nombres quise estimar la distancia que me separa de ellos, los números son la cantidad de kilómetros de mi casa hasta las suyas”. Sonreímos juntas al identificar a alguien que vive tan cerca como 1,85 kms y a esa otra persona que se encuentra más lejos.
En ciertos aspectos el libro de Fiona Struengmann es un dispositivo lúdico en el que se presiente y se aprecia el ejercicio de manipulación artesanal de la imagen como un objeto artístico, como una re-creación. En él la fotografía abandona su carácter documental para volverse imagen, pieza única. En el fondo y quizás por la blancura absoluta de las páginas de esta obra yo adivino una especie de proceso quirúrgico en la construcción de las imágenes.
-Fiona, no te parece que al ser tan blanco y hasta cierto punto preciso, ¿puede tu libro parecer un poco frío?
-No, todo ese blanco, todo ese vacío alrededor de las páginas yo lo concibo como un espacio de respiración para la imaginación del lector, es allí donde él por fin podrá recrearse en sus propios recuerdos. ⛘
Fiona Struengmann nació en Alemania en 1986. Diplomada de la Parsons New School for Design en New York, trabaja y vive entre Berlín y Munich. Ha sido expuesta en distintos festivales, recientemente fue invitada a la edición 2018 del Festival Circulations en París, en Photo London 2018 y Unseen 2017. Próximamente, la podremos encontrar en el OFF de los Rencontres Photographiques d’Arles expuesta en la Little Big Gallery. Algunas copias de su libro numeradas y firmadas pueden comprarse en TIPI BOOKSTORE.
Oleñka Carrasco
Reply to: hola@olenkacarrasco.com / https://www.instagram.com/olenkacarrasco/
Escritora y fotógrafa, Oleñka Carrasco pondrá su acento al servicio de Viens Voir una vez al mes para descubrir fotolibros, libros de artistas, libros de foto-texto, así como editores independientes y festivales. Su principal interés: las tendencias del libro como objeto. Fanática de contar historias, ella se volverá nuestra guía de exploración en el descubrimiento del mundo de los libros.
*************
ENGLISH
Fiona Struengmann : Everything that is hidden in the emptiness
I maintain the theory that many books choose us, select us as their readers, their curators, their owners.
Few things I enjoy as much as going to fairs, salons, bookstores and libraries looking for my books but those rare and beautiful moments when a book « desperately travels to you » are incomparable.
That’s my story with Just like you, but different from Fiona Struengmann!
In order for such moments to take place, many times accomplices are needed. Those beings who know how to read (you) and who suddenly see you appear in the pages of a work. « I saw it, it was you, I thought of you, the author told me her story and I figured you’d love to hear it…this book is made for you.” What a pleasure it is to tear up the gift paper that covers a book and find out that someone has read to you without making a mistake!
When only the shredded pieces of paper are left on the floor, I discover the rigid cover of an raw white from Fiona’s book. It is pleasant to the touch. It is made in a kind of A4 and the texture of the cover is smooth. Struengmann’s name and the name of the work are embossed on the cover; in a small upper window you can see, perhaps the strokes of a few intertwined hands, in brown, a drawing? a photograph? The image misleads us. So far I can only say: Pure elegance!
My journey begins, I navigate through the white, cleanest pages of a book with no number of pages but of which I know that I have the signed copy number 123 of 250. Just an introductory text, almost a picture, a few words and phrases inside the book and at the end. The images are like metaphors of nostalgia, and even more….
Struengmann finds a file, almost as randomly as I find his book. A flea market, a stranger who approaches her, tells her he has something for her, gives her an appointment, a place, a phone and she gets carried away. It is located in a room full of boxes and drawers, more than 7000 photographs, belonging to a person who has been collecting images for more than 50 years. It is made with a cache of lost memories of the Germany of the first half of the 20th century where the first generation of photographers existed, in his own words. In the images, families, places, moments, frozen fragments of time. A precious, unique discovery that she wants to keep intact until the images come to life and a game begins.
« Certain elements appeared before my eyes, certain elements seemed isolated », in that moment Struengmann begins to manipulate images using solutions that allow him to protect certain elements of the image and disappear others. She uses a very corrosive, dangerous substance, in one of her days of work she had to manipulate this solution with her unprotected hands, she lost her nails. He realized the risk involved but continued to work. The result is images that become brushstrokes, little pieces of bodies, apparitions, but above all: disappearances. She is constructing a kind of memory mapping and decides which elements become her « granular narrative ».
But then, there are also images to which she adds substance. Color. Mechanical brushstrokes of red or yellow that become what was missing in the image to be complete. « Something was missing from those images, I’ll add, not in any way, you have to be precise. » Then, we see the dialogue of a child with a cloud, that of a woman with the mountain. These characters lacked something to look at, Struengmann provides them.
In fact, in Just like you, but different we are witnessing not only a unique re-appropriation of the image of the past, but also the reconstitution of a memory built on fragmented memories, « that’s how memory works, isn’t it?” Struengmann explains to me that a constant question surrounds her, knowing herself as a microcosm in this universe, “what was it like before I came here?” Then, she begins to reconstitute in this archive a story of her own that she did not know and that suddenly becomes her own.
Coming to the final pages of the book, I’m surprised at a page I can’t understand. A sentence heading: « Beelines of saying », horizontal lines and figures that seem to be left radomly,
349,45
49,94
1,85
6488,31
3.78 the word THANK YOU in capital letters….
I discover from our conversation that this is the thanks page of the book, « so many people helped me in this project, that instead of putting their names I wanted to estimate the distance that separates me from them, the numbers are the number of kilometers from my home to theirs. We smile together as we identify someone who lives as close as 1.85 km away and that other person who live more than 6000 km away.
In certain aspects, Fiona Struengmann’s book is a playful device in which the exercise of artisanal manipulation of the image as an artistic object, as a re-creation. In it, photography abandons its documentary character to become an image, a unique piece. In the background and perhaps because of the absolute whiteness of the pages of this work I can guess a kind of surgical process in the construction of the images.
-Fiona, don’t you think that being so white and precise, your book might seem a little cold?
-No, all that white, all that emptiness around the pages I conceive of it as a breathing space for the reader’s imagination, it is there where he can finally recreate himself in his own memories. ⛘
Fiona Struengmann was born in Germany in 1986.
A graduate of the Parsons New School for Design in New York, she works and lives between Berlin and Munich. She has been exhibited at various festivals and was recently invited to the 2018 edition of the Circulations Festival in Paris, at Photo London 2018 and Unseen 2017. It will soon be on display at the Voies Off of the Rencontres Photographiques d’Arles in the Little Big Gallery. Some numbered and signed copies of her book can be purchased from Tipi Bookstore here.
Oleñka Carrasco
Reply to: hola@olenkacarrasco.com / https://www.instagram.com/olenkacarrasco/
Writer and photographer, Oleñka Carrasco will put her emphasis on the service of Viens Voir once a month, for the discovery of photobooks, artists’ books, photo-text books, but also independent publishers. In short, all trends of the book object. Fanatic about creating stories, she will be our guide to exploring the world of books.