Photographier ou écrire ? Pourquoi choisir puisqu’il faut dire ?
Pour plonger plus profondément dans le rapport texte-image, Viens Voir est allé converser avec l’écrivaine Hélène Gaudy.
English version included below
A force de tourner autour du rapport entre texte et image il fallait bien, un jour, aller jusqu’au bout et rencontrer quelqu’un pour qui les mots seraient les images : une écrivaine. Mais pas n’importe laquelle : une écrivaine qui entretiendrait, dans l’élaboration de son écriture, un rapport étroit avec la photographie. Parce que son livre, Une île, une forteresse (inculte dernière marge, 2016) était truffé d’occurences photographiques, et que Grands Lieux (editions joca seria, 2017), le dernier paru, lui faisait même une large place, Hélène Gaudy me paraissait tout indiquée pour creuser la question.
Nous nous étions rencontrés il y a plusieurs années et avions échangé nos oeuvres. De ses premiers livres (Vues sur la mer -Les Impressions nouvelles, 2006, Si rien ne bouge -Le Rouergue, 2009-), j’avais d’abord apprécié l’écriture fluide, une sorte de voix presque musicale qui pénétrait les sentiments avec acuité.
Lorsqu’était paru, en 2016, Une île, une forteresse, consacré à Terezin, cette ville de République tchèque transformée en camp de concentration pendant la seconde guerre mondiale, j’en avais reculé la lecture, me jugeant trop perméable à ces sujets-là. Mais il y avait le lien avec Sebald et, quand l’édition en poche était apparue sur les tables de ma librairie favorite (quelque part boulevard Saint-Michel), je n’avais pas résisté plus de quelques secondes. Et j’avais eu raison. L’écriture d’Hélène avait soudain pris une ampleur nouvelle, tournant toujours au plus près des êtres, mais capable d’embrasser la grande Histoire en un récit documenté autant que sensible. Je fus impressionné d’avoir déposé sur mes étagères, il y a quelques années, les livres d’une petite musique très personnelle et de retrouver aujourd’hui une puissante littérature (écrivant cela, je ne dénie pas du tout qu’une petite musique très personnelle puisse être perçue comme une forme de puissance littéraire).
La sonnette d’entrée ne fonctionne plus, une sonnette de bicyclette la remplace. La porte s’ouvre sur le trait fin du sourire feutré d’Hélène Gaudy. Où nous installer ? Salon ou bureau ? De toute façon, il y a des livres partout. Et j’en reconnais beaucoup pour les avoir aussi dans ma propre bibliothèque. Je choisis le bureau, car j’ai très envie de voir de quels objets et images elle s’entoure pour écrire. La pièce est plutôt sobre, bien rangée. Et elle l’avoue : ce n’est pas forcément dans cette pièce qu’elle écrit. On développe toujours des stratégies à l’égard de soi-même…
Pour débuter, j’interroge Hélène sur son rapport à la photo.
Hélène Gaudy : la photo, je l’ai beaucoup pratiquée à l’école, aux arts déco. Même si c’étaient des images assez narratives, j’avais un sentiment de frustration. Avec la photo, j’avais l’impression de ne pas arriver à apporter des nuances. Au bout d’un moment, ça m’a découragée et je suis passée à l’écriture. Je me souviens encore d’une conversation avec une de mes profs, pendant laquelle je lui expliquais que j’avais l’impression que mes photos n’étaient qu’une surface, qu’elles racontaient peu de choses ou seulement une chose et que ce que je voulais, c’était arriver à ouvrir sur plusieurs interprétations. J’ai alors écrit mon premier roman qui a aussi été mon projet de diplôme. Il était composé de sept nouvelles dont la couverture intérieure de chacune est une photo. On lit le texte en même temps qu’on voit l’image, ce qui met les deux à égalité. Plus tard, quand le roman a été publié (ma première publication), il l’a été sans les photos.
Viens Voir : et aujourd’hui, comment ce rapport à la photo a-t-il évolué ?
Hélène Gaudy : d’un côté, ça reste un support de narration solide : je fais beaucoup d’interventions et d’ateliers basés sur la photographie, avec des adultes ou des enfants, et parfois en duo avec un photographe.
Pour ce qui concerne le livre sur Terezin, j’ai pris beaucoup de photos lors de mon séjour sur place. Elles m’ont surtout servi de notes, d’aide-mémoire, une façon de me remettre dans l’ambiance.
Nous feuilletons les tirages des images prises à Terezin : surtout des photos au grand-angle, quelques détails, des documents. La ville y apparait sous un soleil radieux qui contraste avec les évènements dramatiques qui lui sont associés.
Viens Voir : comment articules-tu les moments où tu prends des photos et ceux pendant lesquels tu procèdes plutôt en écrivant des notes ? Est-ce que les deux sont entremêlés ?
Hélène Gaudy : à Terezin, j’ai pris des notes sur le vif, exercice que je fais rarement. Je voulais garder des choses, même insignifiantes. Souvent, quand tu es dans le lieu, tu trouves les choses trop banales pour être notées mais quand tu es de retour à ta table de travail, ça devient une matière très précieuse, porteuse d’atmosphère. A ce moment-là, j’essayais d’attraper ce que je pouvais par tous les moyens, presque avec une espèce d’anxiété.
Je repense à une histoire qui n’a peut-être rien à voir : quand j’ai passé mes premières vacances avec des copains, à l’adolescence, j’ai décidé de ne pas emporter d’appareil et donc, de ne pas faire de photos. Ces vacances ont été inoubliables et pourtant,ce sont les seules dont je n’ai aucune image.
Quand on est dans une interaction amicale ou amoureuse, et qu’on prend des photos, ça installe une distance avec ce que l’on vit. On est dans une position de regardeur, ce qui peut être aussi très intense. Je crois que j’aime bien cette distance, qui est aussi celle de l’écriture : « il y a ce que je vis et ce que je mets de côté pour le transformer plus tard ».
Hélène invoque alors un texte de Arno Bertina au titre irrésistible « Photographier mille fois le ciel, ma fille ou le maréchal Foch »
Hélène Gaudy : en fait, la photo me sert surtout de déclencheur d’écriture. Par exemple, l’histoire de Plein Hiver m’a été inspirée par les photos de Gregory Crewdson. J’ai recomposé une sorte de ville américaine fictive. L’écriture s’est presque posée en hors-champ de la photo.
Viens Voir : je me pose beaucoup la question du réalisme de la photographie. Or, quand tu mets la photo du côté des notes ou de l’aide-mémoire, tu lui donnes totalement cette fonction réaliste (disons, porteuse du réel). Comment s’inscrit ton écriture par rapport à ça ? Est-ce qu’elle est du côté de l’expérience ?
Hélène Gaudy : Oui, il y a de ça. Mais ce qu’elle rapporte de l’expérience est toujours fragmentaire voire trompeur, toujours soumis à l’interprétation, à des relectures successives dont l’écriture peut explorer les pistes. Dans l’image, on peut toujours, après coup, saisir des petites choses, des détails et dérouler une sorte de pelote de laine à partir de ces petites choses visibles. Des amorces de récit.
Cette question du détail est très intéressante : dans la littérature classique, le détail sert souvent à enrichir le personnage, à lui donner chair ; alors que dans la littérature contemporaine, le détail peut être l’élément qui suscite la narration. On attrape des détails, on les couche sur le papier et on tisse un fil entre eux, on assemble le puzzle.
Dans le roman sur lequel je travaille actuellement, je prends encore des photos comme point de départ. Celles d’une expédition polaire qui s’est tragiquement terminée (l’expédition Andrée, trois suédois partis en ballon depuis le Spitzberg en 1897, célèbre fait divers de l’époque) et dont les pellicules ont été découvertes dans la glace et développées bien des années plus tard. Ces photos ont une double empreinte : celle de ce qu’elles représentent, bien sûr, mais elles portent aussi l’empreinte physique du paysage à travers leur détérioration.
Hélène Gaudy : le sujet de cette expédition soulève plein de questions : celles de l’échec, des limites, de l’élargissement du monde, et donc, de son rétrécissement puisqu’on l’explore. Or ces questions sont très présentes dans l’art contemporain. Avec Hélène Jagot, directrice du musée de La Roche-sur-Yon, nous allons les faire jouer à travers une exposition qui aura lieu cet été.
Elle s’appellera Zones Blanches, récits d’Explorations. Nous sommes parties de la question du récit, puisque les membres de l’expédition Andrée ont écrit leur journal de voyage et ont pris beaucoup de photos, documentaires ou très posées. Pour cette exposition, nous avons retenu les oeuvres d’une vingtaine d’artistes (dont Sylvie Bonnot que Viens Voir avait rencontrée) qui avaient fait cette expérience du voyage, et en avaient rapporté une forme. Il y aura aussi un livre avec des textes pour lesquels chaque écrivain a choisi une oeuvre comme support.
Viens Voir : et si tu te projettes dans ta future utilisation de l’image, tu te vois comment ?
Hélène Gaudy : et bien, le cinéma me trotte dans la tête depuis un moment et précisément, je suis en train de suivre une formation d’écriture de scénario à la FEMIS. Donc je me dirige peut-être vers l’image animée.
Viens Voir : le fait de prendre pour point de départ un évènement historique et de tirer des fils autour me semble très représentatif d’une approche contemporaine de la littérature (Eric Vuillard, évidemment, et on pourrait dire ça de Pierre Michon aussi). Tu t’inscris dans ce type d’écriture ?
Hélène Gaudy : oui, mais la question qui m’intéresse, plus que celle de la fiction ou de la non-fiction, c’est comment donner une forme à une matière. Je cherche des formes qui permettent d’incorporer une matière issue d’un lieu et de son atmosphère. Je ne suis pas très douée pour inventer (même si j’aime ça), je préfère assembler. Mais je suis aussi attachée à une liberté narrative, plus délicate à adopter quand je suis confrontée à une matière historique comme celle de Une île, une forteresse. Cette démarche de recomposition correspond bien aux processus qui opèrent dans l’art contemporain. Selon moi, un livre se présente sous la forme d’un projet, un peu comme j’ai appris à le faire en école d’art où l’on demande toujours « c’est quoi ton projet ? » (rires).
Pour finir, je demande à Hélène quelques pistes de lecture pour nous, amoureux de l’image et de la littérature. Elle réfléchit, hésite, commence à saisir des livres dans sa bibliothèque : Le Poing dans la bouche, de Georges-Arthur Goldschmidt (Editions Verdier), grand écrivain du paysage ; Description d’Olonne de Jean-Christophe Bailly (Christian Bourgois), L’affaire Furtif de Sylvain Prudhomme. Et beaucoup d’autres…
Au moment où je termine d’écrire cet article, paraît, dans le numéro de juin de la revue art press, un remarquable dossier sur la photo et la littérature intitulé Ecrire les images. L’analyse de Jan Baetens y est éclairante. En repensant à la conversation avec Hélène, je m’aperçois qu’elle n’a toujours accepté mes tentatives de théorisation que du bout des lèvres, les ponctuant de peut-être et de ce n’est pas toujours pareil.
Ainsi m’apparaissent les chemins d’écriture d’Hélène Gaudy : en mouvement, saisissant les photos comme des potentiels de parole ou de vertige.
Et je me dis qu’on pourrait presque photographier comme ça : entre parole et vertige.
Les infos sur l’exposition de La Roche-Sur-Yon ici.
English version
Photograph or write?
To dive deeper into the text-image relationship, Viens Voir went to converse with writer Hélène Gaudy.
By dint of turning around the relationship between text and image, one day one had to go all the way and meet someone for whom words would be images: a writer. But not just any writer: a writer who has a close relationship with photography in the development of her writing. Because her book, « An Island, a Fortress » (inculte dernière marge, 2016) was full of photographic occurrences, and « Grands Lieux » (editions joca seria, 2017), the last one, even made a large place for it, Hélène Gaudy seemed to me to be the ideal person to dig into the question.
We had met several years ago and had exchanged our works. From her first books (« Vues sur la mer » -Les Impressions nouvelles, 2006, « Si rien ne bouge » -Le Rouergue, 2009-), I first appreciated the fluid writing, a kind of almost musical voice that penetrated feelings with acuity.
When « An Island, a Fortress » was published in 2016, dedicated to Terezin, a town in the Czech Republic that was transformed into a concentration camp during the Second World War, I had read it backwards, considering myself too permeable to these subjects. But there was the link with Sebald and, when the edition in my pocket had appeared on the tables of my favourite bookshop (somewhere boulevard Saint-Michel), I had not resisted more than a few seconds. And I was right. Hélène’s writing had suddenly taken on a new dimension, always turning as close as possible to the beings, but capable of embracing great History in a narrative that was as documented as it was sensitive. I was impressed to have deposited on my shelves, a few years ago, a little music very personal and to find today a powerful literature (writing that, I do not deny at all that a little music very personal can be perceived as a form of powerful literature).
The doorbell no longer works, a bicycle bell replaces it. The door opens on the fine line of Hélène Gaudy’s hushed smile. Where to locate us? Living room or office? Anyway, there are books everywhere. And I recognize many to have them in my own library too. I choose the office because I really want to see what objects and images she surrounds herself with to write. The room is rather sober, tidy. And she admits it: it is not necessarily in this play that she writes. We always develop strategies towards ourselves…
To begin, I ask Hélène about her relationship to the photo.
Hélène Gaudy: I practiced photography a lot at school, at art decos. Even though my pictures were quite narrative images, I had a kind of frustration. With the photos, I had the impression that I could not bring nuances. After a while, it discouraged me and I started writing. I still remember a conversation with one of my teachers, during which I explained to her that I had the impression that my photos were only a surface, that they told few things or only one thing and that what I wanted was to open onto several interpretations. I then wrote my first novel which was also my diploma project. It consisted of seven short stories, each with a photo on the inside cover. You read the text at the same time as you see the image, which makes the two equal. Later, when the novel was published (my first publication), it was without the photos.
Viens Voir: and today, how has this relationship with photography evolved?
Hélène Gaudy: On the one hand, it is a solid narrative support: I lead many interventions and workshops based on photography, with adults or children, and sometimes in duet with a photographer.
As for the book on Terezin, I took a lot of pictures during the week I spent there. I used them mainly as notes, as an aide-mémoire, a way to get back in the mood.
We leaf through the prints of the images taken at Terezin: mainly wide-angle photos, some details, documents. The city appears under a radiant sun that contrasts with the dramatic events associated with it.
Viens Voir: how do you articulate the moments when you take pictures and those during which you proceed rather by writing notes? Are the two intertwined?
Hélène Gaudy: In Terezin, I took notes on the spot, an exercise I rarely do. I wanted to keep things, even insignificant. Often, when you are in the place, you find things too banal to be noticed but when you are back at your work table, it becomes a very precious material, a carrier of atmosphere. At that moment, I was trying to catch what I could by any means, almost with some kind of anxiety.
Now I think about something that has nothing to do with it: when I spent my first holidays with friends, as a teenager, I decided not to bring a camera and therefore not to take pictures. It has been an unforgettable holiday and it is the only one I have no image of.
When you’re in a friendly or loving interaction, and you take pictures, it puts you at a distance from what you’re going through. We are in a watching position, which can also be very intense. I think I like this distance, which is also that of writing: « there is what I live and what I put aside to transform it later ».
Hélène then invokes a text by Arno Bertina with an irresistible title « Photographing a thousand times the sky, my daughter or Marshal Foch ».
Hélène Gaudy: Actually, the photo serves me mainly as a trigger for writing. For example, the story of « Plein Hiver » was inspired by Gregory Crewdson’s photos. I recomposed some kind of fictional American city. The writing almost landed off camera.
Viens Voir: I wonder a lot about the realism of photography. Now, when you put the photo on the side of the notes or the memory aid, you totally give it this realistic function (let’s say, carrier of the real). How does your writing fit into this? Is it rather a kind of experience ?
Hélène Gaudy: yes it is. Grab small things, details and unroll a kind of ball of wool from these small visible things. Storytelling primers. This question of detail is very interesting: in classical literature, detail is used to enrich the character, to give him flesh whereas in contemporary literature, it arouses narration. We grab details, lay them on paper and weave a thread between them, put the puzzle together.
In the novel I am currently working on, I still take pictures as a starting point. Those of a polar expedition that ended tragically (the Andrée expedition, three Swedes who left in a balloon from Spitsbergen in 1897, a famous fact of the time) and whose films were discovered in the ice and developed many years later. These photographs have a double imprint: that of what they represent, of course, but they also carry the physical imprint of the landscape through their deterioration.
The subject of this expedition raises many questions: those of failure, of limits, of the enlargement of the world, and thus, of its narrowing as we explore it. Yet these questions are very present in contemporary art. With Hélène Jagot, director of the museum of La Roche-sur-Yon, we are going to raise them through an exhibition which will take place this summer.
It will be called « White Zones, Expedition Stories ». We started from the question of the story, since the members of the Andrée expedition wrote their travel diary and took many photos, documentaries or very posed. For this exhibition, we selected the works of about twenty artists who had experienced the travel, and had brought back a form of it. There will also be a book with texts for which each writer has chosen a work as support.
Viens Voir: And in the future, how do you see yourself?
Hélène Gaudy: Well, cinema has been on my mind for a while now, and precisely, I’m in the process of writing a screenplay at FEMIS, so maybe I’m heading towards the animated image.
Viens Voir: the fact of taking a historical event as a starting point and drawing threads around it seems to me very representative of a contemporary approach to literature (Eric Vuillard, of course, and we could say that of Pierre Michon too). You heading that way?
Hélène Gaudy: yes, but the question that interests me more than fiction or non-fiction is how to give form to a material. I look for forms that allow to incorporate a material coming from a place and its atmosphere. I’m not very good at inventing (even if I like it), I prefer to assemble. But I am also attached to a narrative freedom, more delicate to adopt when I am confronted with a historical matter like that of « An island, a fortress ». This process of recomposition corresponds well to the processes and approaches that operate in contemporary art. In my opinion, a book comes in the form of a project, a bit like I learned to do in art school where people always ask, « What is your project? (laughs).
Finally, I ask Hélène to give us some ideas for reading. She says she fears the question and begins to seize books in her library: « Le Poing dans la bouche » by Georges-Arthur Goldschmidt (Editions Verdier), a great landscape writer; « Description d’Olonne » by Jean-Christophe Bailly (Christian Bourgois) and one of her favourites, « L’affaire Furtif » by Sylvain Prudhomme. And many others…
As I finish writing this article, there appears, in the June issue of art press magazine, a remarkable dossier on photography and literature entitled « Ecrire les images ». Jan Baetens’ analysis, among others, is enlightening. Thinking back on the conversation with Hélène, I realize that she has always only accepted my attempts at theorizing very carefully, punctuating them with « maybe » and « it’s not always the same ».
Thus appear to me Hélène Gaudy’s writing paths: in motion, capturing photos as potential for speech or vertigo.
And I tell myself that we could almost photograph like that: between speech and vertigo.