Techniques anciennes pour des photos très contemporaines

Photos de Kamilla Langeland, © F. Tomasi – CCC OD, Tours


La jeune scène artistique norvégienne n’est qu’à 55 minutes de Paris. Elle a pris ses quartiers au CCC de Tours (Centre de Création Contemporaine) fraîchement réinstallé dans l’ancien édifice de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts, entièrement rénové. L’exposition s’appelle « Innland » et ouvre, avec ses créations, des directions photographiques plutôt inattendues. Deux exemples marquants.

Se servir des techniques de tirage photographique argentique (contacts, rayogrammes, effets de solarisation) : en agrandir des détails, accumuler des strates, les rephotographier pour parvenir à des impressions de grand format. Obtenir ces images-palimpsestes, sortes d’ovnis (objets visibles non identifiés) complètement en dehors de tout effet de mode. Pour atteindre une écriture singulière, entre graphisme et journal intime. Préparez-vous : dans les prochaines années, les images de Kamilla Langeland vont entrer dans notre paysage artistique.

Aimez-vous les chaises de jardin en plastique blanc ? Avez-vous observé la manière dont cette matière (réputée inaltérable) se ternit et se pique de corrosions ? N’avez-vous jamais ressenti une pointe de navrement en constatant combien de coquets jardinets se trouvaient enlaidis par ce mobilier récurrent ? Les norvégiens ont une idée bien arrêtée sur la question puisqu’ils ont décidé de mettre à l’amende toute personne qui utiliserait ce mobilier dans un établissement public (non, non, je ne plaisante pas). Alors, Linn Pedersen a retourné la question : voilà qu’elle a fait de cette laideur banale un objet de sublimation. Les chaises deviennent le sujet d’expérimentations plastiques retrouvant les gestes originels de la photographie. Car, comme Kamilla Langeland, elle retourne aux sources de la technique pour mieux interroger ou interpréter le présent : poses longues, cyanotypes et apparitions lumineuses. Le quotidien le plus banal est toujours susceptible de muter à travers l’action artistique.



Photos et installation de Linn Pedersen, © F. Tomasi – CCC OD, Tours


Deux bonnes raisons de se rendre à l’exposition du CCC Tours, visible jusqu’au 11 juin 2017. A noter : il est presque indispensable de faire appel aux médiatrices et médiateurs pour apprécier l’exposition. Ça tombe bien : elles/ils sont aussi disponibles que désireux(ses) d’établir un dialogue entre le public et les oeuvres.



© B. Fougeirol – CCC OD, Tours