L’intérêt d’une foire d’art contemporain, c’est de nous ramener à la nécessité, pour l’oeuvre, de se faire objet afin de répondre aux lois du marchés. Ce qui s’y montre peut être alors valorisé et s’échanger. Or cette valeur d’échange n’est pas qu’un succédané de l’oeuvre, une forme parallèle de son existence : elle est au coeur de l’art, de la vie des oeuvres. Où vont-elles se porter ? Devant quels regards ? Avec quelles autres oeuvres entreront-elles en dialogue ?
La foire apparaît alors comme une sorte de brocante d’une propreté clinique, dans laquelle on isole quelques artéfacts, tout en faisant évoluer sa géographie artistique. Pour ce dernier point, l’occasion est d’autant plus belle, cette année, à Art Paris Art Fair, que l’Afrique est à l’honneur, ce qui permet d’élargir notre vision en découvrant des oeuvres et pratiques en lien avec ce continent. C’est ainsi que je me suis passionné pour les carnets issus d’un workshop mené par le curateur et critique Simon Njami et exposés par la Fondation lettera27. Enfilez les gants et tournez les pages.
J’ai aussi admiré les précieux objets photographiques traversés par une ligne d’or (Anaïs Boudot, galerie Binôme). Les photos miroitent comme de la laque et l’or fait écho à la technique japonaise du kintsukuroi, qui consiste à réparer les céramiques brisées à l’aide d’or, sublimant ainsi le bris, donnant de la valeur à ce qui a été cassé puis réparé, renforçant finalement la patine temporelle de l’objet.
Enfin, parce que j’ai un goût particulier pour ces oeuvres qui s’attaquent à la visualité de la parole et de la pensée, j’ai flashé sur « Shadow » du duo Delage + Olson (galerie Cédric Bacqueville), assez vertigineuse. La photo ci-dessous ne permet guère de prendre la mesure de l’oeuvre. Une très bonne raison donc, de se rendre à Art Paris.
Art Paris Art Fair se tient au Grand Palais à Paris jusqu’à dimanche soir