C’est urgent. Echapper au confort de la pensée commune. Sortir de la torpeur qui consiste, dans le monde de la photo, à ne pas laisser aux femmes leur juste place. A évacuer cette question de la représentativité féminine pour se couler dans une surreprésentation masculine si évidente et si couramment admise qu’elle en devient presque invisible.
Mais les chiffres, eux, sont limpides.
Viensvoir s’engage à travers les deux éditos de Bruno Dubreuil et Oleñka Carrasco
(Versión española al final del artículo en francés, english version included below)
C’est à l’initiative de la photographe Marie Docher, fondatrice de Visuelles.art, site opportunément sous-titré qu’est-ce que le genre fait à l’art ?, qu’une lettre a été envoyée au directeur du plus important festival consacré à la photographie, les Rencontres d’Arles.
Donc les chiffres sont limpides, comme le montre cet extrait de la lettre adressée à Sam Stourdzé, directeur des Rencontres d’Arles : En 49 ans, 47 éditions ont été confiées à des directeurs artistiques masculins qui ont sélectionné à chaque fois une grande majorité d’hommes. A Arles, ce qu’on appelle le plafond de verre est très bas pour les femmes : il dépasse rarement 20%.
Cette année, votre choix pour les grandes expositions monographiques s’est porté sur 12 hommes et 3 femmes, dont l’une a exclusivement photographié le travail d’un autre artiste, un homme.
L’intégralité de la lettre est à lire ici et la liste des signataires ici.
Donc l’évidence est là et comme il n’y a nulle raison de la perpétuer, il importe de soutenir le mouvement et de réclamer haut et fort que cela cesse.
Pour expliquer et appuyer le soutien de Viensvoir.oai13 à ce mouvement, j’aimerais raconter comment j’en suis arrivé à être particulièrement sensibilisé à cette question.
Petit retour en arrière : il y a quelques années, alors que je menais un cours d’histoire de la photographie au Centre Verdier, un petit groupe d’élèves femmes se présenta à la fin du premier cours avec un petit papier sur lequel elles avaient tracé deux lignes de bâtons. La ligne supérieure en comptait une quinzaine, celle du bas seulement deux. Vous l’avez compris, chaque photographe homme évoqué se matérialisait par un bâton sur la ligne supérieure, chaque photographe femme, par un bâton sur la ligne inférieure. J’enregistrai le déséquilibre et, sur le coup, pensai qu’il s’agissait peut-être là d’un chapitre particulier ; je n’eus toutefois pas la naïveté de penser que les comptes s’équilibreraient, mais tout au moins que ce déséquilibre ne serait pas toujours aussi important.
Le papier revint à la fin de chaque cours. Et le déséquilibre ne se comblait pas. A un moment, je finis par penser que tout de même, les photographes femmes dans l’histoire de la photo, je ne pouvais pas les inventer. Je me souvins m’être emparé du gros volume Une histoire mondiale de la photographie par Naomi Rosenblum et avoir pensé : « bon mais ce n’est pas de ma faute si dans l’histoire de la photographie, il y essentiellement des hommes ».
Et c’est là que je compris : le problème, ce n’était pas l’histoire, c’était le livre. Et pas seulement celui-ci, mais tous les livres. Et pas seulement les livres, mais ceux qui s’étaient appuyés sur eux : historiens, journalistes, professeurs, mes professeurs, moi-même. Tous, nous reproduisions une pensée, nous contribuions à la diffuser, à la renforcer.
Alors, j’ai travaillé à changer ça, bien aidé par les expositions de l’époque (le formidable travail de Marta Gili au Jeu de Paume, et l’exposition fondatrice Qui a peur des femmes photographes ? au Musée de l’Orangerie et au Musée d’Orsay). Petit à petit, à chaque fois que le travail d’une femme photographe pouvait tout aussi bien illustrer le propos que celui d’un homme, j’intervertissais.
Je ne sais pas si je suis parvenu à l’équilibre, mais la question revient souvent dans mes réflexions intérieures lorsque je bâtis un cours. Et je ne peux que remercier mes élèves qui, sur ce point, ne m’ont pas laissé un instant de relâchement. Pourquoi ?
1) Je suis convaincu qu’il n’y a pas de différence de niveau entre un homme et une femme qui réalise une création. Pas plus qu’il n’y aurait une différence de force, de profondeur ou de sensibilité (pitié, pas le coup de la sensibilité féminine).
2) Mais la répartition inégale du pouvoir entraîne nécessairement une différence de moyens, laquelle influera sur la réalisation et sur sa visibilité. Ce qui implique que si l’on veut défendre la première proposition, la condition préalable est de parvenir à la parité, sans quoi l’idée ne saurait ni s’imposer, ni se rendre visible.
Donc la parité. Ça commence tout de suite.
Bruno Dubreuil
L’édito d’Oleñka Carrasco
L’espace de représentation : sortons de notre « chambre à soi »
Le temps est important, l’immédiateté des actions l’est encore plus. Et c’est à une réaction rapide des personnalités et institutions que nous pouvons nous en remettre. La réponse de ceux qui ont la capacité d’agir ne doit pas se contenter d’évoquer des initiatives comme les festivals consacrés aux femmes ou des prix spécifiques.
En effet, si l’on revient à la lettre de Marie Docher, nous ne pouvons pas corriger l’invisibilisation, par exemple, en mettant en avant le travail de quelques photographes exposées dans le festival, à travers un prix décerné uniquement aux femmes. Cette initiative est non seulement insuffisante, mais elle montre de façon catégorique la racine du problème. Comme si métaphoriquement, le prix ne se décernait pas à un travail, mais à la possibilité hasardeuse d’enfin être mise en avant parmi les événements majeurs d’un festival.
Nous ne pouvons pas non plus considérer que la multiplication des initiatives de festivals et expositions uniquement réservés aux femmes soit une solution ou une avancée dans le thème de la parité. Il faudrait les traiter, peut-être, comme des initiatives qui nous permettent de découvrir de nouveaux talents ou des photographes dont le travail est méconnu, mais nous ne pouvons pas nous satisfaire d’espaces de représentation limités qui continuent de contribuer à la séparation de la production artistique par genre. Beaucoup de ces initiatives sont lancées par des collectifs féministes, des féministes ou des femmes professionnelles du monde de l’image, et, d’une certaine manière génèrent des espaces où échanger et se rendre visibles.
Cependant, il est crucial que nous nous demandions : quel est cet espace dans lequel notre représentation est possible ? N’est-ce pas le même que celui duquel nous continuons à être marginalisées quand 60% des diplômés des Écoles d’Art et de Photographie sont des femmes ? De nouveau, les chiffres sont limpides.
De même, de façon satellitaire dans les Rencontres d’Arles de cette année, certaines initiatives ont été entreprises, surtout sous l’égide de la programmation de Cosmos Arles Books. Dans l’une d’elles, un appel aux photographes femmes et transgenres pour reproduire la célèbre exposition Family of Man depuis une perspective féminine (Family of No Man, exposition Cosmos Arles Books du 02 au 07 juillet 2018). Trois salles, un couloir dans lesquels on a réussi à introduire plus de 400 photographes venues des quatre coins du monde. Je ne m’arrêterai pas sur le nombre de mètres carrés, mais sur la sensation que produisaient les photographies et leurs auteures, cloîtrées dans un espace de représentation qui ne contribuait pas à générer une réflexion sur la démarche de l’exposition elle-même, et par conséquent sur les travaux présentés. Nous étions exposées, mais nous n’étions pas visibles. Des performances et des manifestations d’autres collectifs dédiés au thème du Genre se perdaient au milieu de la chaleur et des vapeurs des lieux improvisés.
De ces espaces, il est urgent de sortir ! Et pour franchir la porte qui nous enferme dans notre propre cercle, la parité est un outil clair et efficace, de même que l’est l’abandon de notre propre isolement dans n’importe quel coin fortuit de représentation qui nous soit donné.
Nous ne sommes pas une minorité ! Sortons de notre « chambre à soi ».
La revue Time a désigné comme personnalité de l’année 2017 les « Silence breakers », et sans le moindre doute, 2017 a en effet été une année où la parole des femmes s’est libérée et est devenue décisive dans plusieurs domaines. 2017 a aussi été une année qui a permis de comprendre que les mécanismes de silenciation auxquels nous sommes soumises ont différentes facettes et se reproduisent dans beaucoup plus d’endroits que ce que nous pensons.
Cependant, cela n’a pas permis de provoquer chez certaines institutions un cri d’alerte. Dans la ligne droite finale de 2018, nous ne pouvons pas nous permettre qu’en France ce silence, cette invisibilité, continuent à être imposés, ni que l’on ne nous donne la parole qu’à moitié.
Je m’en remets ainsi à l’image du chiffre extrait de la lettre de Marie Docher et à celle de ce petit bout de papier qu’a reçu Bruno Dubreuil de ses élèves… Que les chiffres servent à comprendre que la relation 12 à 3 est obscène et qu’il n’y a pas une minute à perdre pour y remédier.
Oleñka Carrasco
Versión española:
Es urgente. Escapar de la comodidad del pensamiento común. Salir del aturdimiento que consiste, en el mundo de la fotografía, en no dar a la mujer el lugar que le corresponde. Eliminar esta cuestión de la representatividad femenina y pasar a una sobre-representación masculina tan obvia y comúnmente aceptada que se vuelve casi invisible.
Pero las cifras son claras.
Gracias a la iniciativa de la fotógrafa Marie Docher, fundadora de Visuelles.art, un sitio oportunamente subtitulado « ¿Qué le hace el Género al arte?
Así pues, las cifras son claras, como muestra este extracto de la carta a Sam Stourdzé, director de los Rencontres d’Arles: « En 49 años, 47 ediciones han sido confiadas a directores artísticos masculinos que han seleccionado cada vez a una gran mayoría de hombres. En Arles, el llamado techo de cristal es muy bajo para las mujeres: raramente supera el 20%.
Este año, su elección para las grandes exposiciones monográficas fue de 12 hombres y 3 mujeres, una de los cuales fotografió exclusivamente la obra de otro artista, un hombre. »
La carta completa aqui, la lista de signatariosaqui.
Así que la evidencia está ahí y como no hay razón para perpetuarla, es importante apoyar al movimiento y exigir alto y claro que se detenga. Para afianzar el apoyo de Viensvoir.oai13 a este movimiento, me gustaría compartir con vosotros cómo llegué a ser particularmente sensible a este tema.
Una rápida mirada hacia atrás. Hace unos años, mientras dirigía una clase de historia de la fotografía en el Centre Jean Verdier, un pequeño grupo de alumnas se presentó al final de la clase con un trozo de papel en el que habían dibujado dos líneas de barras. La línea superior tenía unas quince, la inferior sólo dos. Creo que ya lo habéis pillado, cada fotógrafo masculino mencionado fue materializado por una barra en la línea superior, cada fotógrafa femenino en la línea inferior. Registré el desequilibrio, pensé que tal vez era un capítulo partícular, sin tener la ingenuidad de pensar que las cuentas serían equilibradas, pero al menos que el desequilibrio no siempre sería tan grande.
El trabajo volvió al final de cada clase. Y el desequilibrio no se estaba solucionando. En un momento dado, terminé pensando que no era mi tarea, que a las mujeres fotógrafas de la historia de la fotografía, no podía inventarlas. Recordé haber tomado el gran volumen de Una historia mundial de la fotografía de Naomi Rosenblum y haber pensado: « Bueno, no es culpa mía que en la historia de la fotografía haya esencialmente hombres ».
Y ahí fue cuando entendí: el problema no era la historia, sino el libro. Y no sólo éste, sino todos los libros. Y no sólo los libros, sino los que habían confiado en ellos: historiadores, periodistas, profesores, yo mismo. Todos reproducimos un pensamiento, ayudamos a difundirlo, a fortalecerlo.
Así que trabajé para cambiar eso, ayudado por las exposiciones de la época (maravillosa obra de Marta Gili en el Jeu de Paume, y « ¿Quién teme a las mujeres fotógrafas?) Poco a poco, cada vez que el trabajo de una fotógrafa podía ilustrar tanto el tema como el de un hombre, invertí la ecuación y preferí mostrar a la fotógrafa.
No sé si he logrado un equilibrio, pero la pregunta a menudo aparece en mis pensamientos cuando construyo un curso. Y sólo puedo agradecer a mis alumnas que, en este punto, no me han dado un momento de relajación.
¿Por qué? Porque:
1) Estoy convencido de que no hay diferencia de nivel entre un hombre y una mujer que hace una creación. Tampoco habría ninguna diferencia en fuerza, profundidad o sensibilidad (lástima, no el truco de la sensibilidad femenina).
2) Pero la distribución desigual del poder conduce necesariamente a una diferencia de medios, que influirá en el logro y la visibilidad del poder. Esto implica que si queremos defender la primera propuesta, el requisito previo es lograr la paridad, sin la cual la idea no puede imponerse ni hacerse visible.
Así que paridad. ¡Hay que comenzar de inmediato!
El espacio de representación, salgamos de la “habitación propia”
El tiempo es importante, la inmediatez de las acciones lo es aún más. Y es en la necesidad rápida de reacción de las personalidades e instituciones que podemos ampararnos. La respuesta de los que tienen la capacidad de actuar no debe ser suficiente con la evocación de iniciativas como los Festivales sólo para mujeres fotógrafas o los premios específicos.
En efecto, volviendo a la lettre de Docher, no podemos solventar la invisibilización, por ejemplo, resaltando el trabajo de una de las pocas fotógrafas expuestas en el Festival, con un premio otorgado sólo a las mujeres. Esta iniciativa no es sólo es insuficiente sino que resalta de una forma categórica la raíz del problema. Como si metafóricamente el premio no se otorgara a un trabajo sino a la azarosa posibilidad de al fin ser expuestas dentro de los highlitghs de un Festival.
Tampoco podemos considerar que la multiplicación de las iniciativas de Festivales y exposiciones sólo para mujeres sean una solución o un avance en el tema de la paridad. Habría que tratarlas, quizás, como iniciativas que nos permitan descubrir nuevos talentos, o fotógrafas cuyo trabajo se desconozca, pero no podemos conformarnos con espacios de representación limitados que siguen contribuyendo a la separación de la producción artística por el género o la raza. Muchas de esas iniciativas son impulsadas por colectivos femeninos, feministas o mujeres profesionales del mundo de la imagen y de alguna forma sirven como un lugar en el que encontrarnos y hacernos visibles. Sin embargo, es crucial que nos preguntemos ¿cuál es ese espacio en el que nuestra representación es posible? ¿No es ese mismo en el que seguimos estando marginalizadas como una minoría cuando, otra vez les chiffres sont limpides, el 60% de diplomés des Écoles d’Art et de Photographie sont des femmes?
También, de forma satelital en les Rencontres d’Arles de cette année, algunas de estas iniciativas se hicieron presentes, sobre todo amparadas en la programación de Cosmos Arles Books. En un caso, una llamada a fotógrafas mujeres y transgenders para reproducir la gran exposición Family of Man (Family of No Man, exposition Cosmos Arles Books du 02 au 07 juillet 2018), desde una perspectiva femenina ; 3 salas, un pasillo y allí lograron introducirse las imágenes de más de 400 fotógrafas venidas de todas partes del mundo. No me detengo en los metros2, más bien en la sensación que producían las fotografías y sus autoras enclaustradas en un espacio de representación que no contribuía a generar una reflexión sobre la démarche de la propia exposición, y por consiguiente de los trabajos presentados, estábamos expuestas pero no éramos visibles. Performances y manifestaciones de otros colectivos dedicadas al tema del Género se perdían entre el calor y los vapores de los localizaciones improvisadas.
¡De esos espacios nos urge salir! Y, sin duda alguna, para franquear la puerta que nos atrapa en nuestro propio círculo, la paridad es la herramienta más urgente, pero también nuestra renuncia a nuestro propio aislamiento en cualquier coin fortuit de representación que nos sea dado.
¡No somos una minoría! Salgamos de la habitación propia.
La revista Time, catalogó como personalidad del año 2017 a “The silence breakers”, y, sin duda, 2017 fue un año en el que la liberación de la palabra de las mujeres se volvió decisiva en distintos ámbitos. 2017 también fue un año en el que comprender que los mecanismos de silenciamiento al que somos sometidas tienen distintas facetas y se reproducen en muchos más lugares de lo que somos conscientes. Sin embargo, esto no terminó de despertar en ciertas instituciones la llamada de alerta. En la recta final del año 2018 no podemos permitirnos en Francia que ese silencio, esa invisibilidad, se siga imponiendo así como tampoco necesitamos que se nos dé la palabra a medias.
Sirva entonces la imagen de la cifra extraída de la carta de Marie Docher como ese pequeño papier que recibió Bruno Dubreuil de sus alumnas… sirvan las cifras para entender que la relación de 12 a 3 es obscena y no hay un minuto que perder para solventarla.
Oleñka Carrasco
www.olenkacarrasco.com
https://www.instagram.com/olenkacarrasco/
http://viensvoir.oai13.com/category/oh-my-photobook/
English version
EQUAL
This is urgent. Escape from the comfort of common thought. To get out of the torpor that consists, in the world of photography, not to give women their rightful place. To evacuate this question of female representation in order to sink into a male over-representation so obvious and so commonly accepted that it becomes almost invisible.
But the figures are clear.
On the initiative of photographer Marie Docher, founder of Visuelles.art, a site opportunely subtitled « What does genre do to art? », a letter was sent to the director of the most important festival devoted to photography, the Rencontres d’Arles.
So the figures are clear, as this extract from the letter to Sam Stourdzé, director of the Rencontres d’Arles shows: « In 49 years, 47 editions have been entrusted to male artistic directors who have selected a large majority of men each time. In Arles, what is called the glass ceiling is very low for women: it rarely exceeds 20%.
This year, your choice for the major monographic exhibitions was 12 men and 3 women, one of whom exclusively photographed the work of another artist, a man. »
The entire letter is to be read here, and the list of signatorieshere.
So the evidence is there and since there is no reason to perpetuate it, it is important to support the movement and to demand loud and clear that it stop.
To explain Viensvoir.oai13’s support for this movement, I would like to tell how I came to be particularly aware of this issue.
A few years ago, while I was leading a photography history class at the Centre Verdier, a small group of female students presented themselves at the end of the first class with a small piece of paper on which they had drawn two lines of sticks. The upper line had about fifteen, the lower only two. As you have understood, each male photographer mentioned was materialized by a stick on the upper line, each female photographer by a stick on the lower line. I recorded the imbalance and, at the time, thought that perhaps it was a particular chapter; however, I did not have the naivety to think that the accounts would be balanced, but at least that this imbalance would not always be as important.
The paper came back at the end of each class. And the imbalance did not fill. At one point, I ended up thinking that even so, I could not invent women photographers in the history of photography. I remember taking the large volume of A World History of Photography by Naomi Rosenblum and thinking, « Well, it’s not my fault that in the history of photography there are essentially men ».
And that’s when I understood: the problem wasn’t history, it was the book. And not just this one, but all the books. And not only the books, but those who had relied on them: historians, journalists, teachers, my teachers, myself. We all reproduced a thought, we helped to disseminate it, to strengthen it.
So, I worked to change that, helped by the exhibitions of the time (Marta Gili’s formidable work at the Jeu de Paume, and the founding exhibition « Qui a peur des femmes photographes? » at the Musée de l’Orangerie and the Musée d’Orsay. Little by little, each time the work of a woman photographer could illustrate the subject as well as that of a man, I switched.
I don’t know if I’ve struck a balance, but the question often comes up in my inner reflections when I build a course. And I can only thank my students who, on this point, have not given me a moment of relaxation. Why?
1) I am convinced that there is no difference in level between a man and a woman who makes a creation. Nor would there be any difference in strength, depth or sensitivity (pity, do not tell me about the feminine sensibility).
2) But the unequal distribution of power necessarily entails a difference of means, which will influence implementation and visibility. This implies that if we want to defend the first proposal, the precondition is to achieve parity, without which the idea could neither impose itself nor make itself visible.
So parity. It starts right now.
Bruno Dubreuil
The space of representation: let’s leave our « own room ».
Time is important, the immediacy of actions is even more important. And it is to a quick reaction from personalities and institutions that we can rely on. The response of those with the capacity to act must not be limited to initiatives such as women’s festivals or specific awards.
Indeed, if we go back to Docher’s letter, we cannot correct the invisibilization, for example, by highlighting the work of a few photographers exhibited in the festival, with a prize awarded only to women. This initiative is not only insufficient, but it categorically shows the root of the problem. As if metaphorically speaking, the prize was not awarded to a work, but to the hazardous possibility of finally being highlighted among the major events of a festival.
Nor can we consider that the multiplication of initiatives of festivals and exhibitions for women only is a solution or a step forward in the theme of parity. They should perhaps be treated as initiatives that allow us to discover new talents or photographers whose work is unknown, but we cannot comply with limited spaces of representation that continue to contribute to the separation of artistic production for gender, provenience or skin color. Many of these initiatives are launched by feminist collectives, feminists or professional women from the world of images, who in a way serve as a place to meet and make themselves visible. However, it is crucial that we ask ourselves: what is this space in which our representation is possible? Isn’t it the same as the one we continue to be marginalized as a minority when – again, the numbers are clear – 60% of graduates of Art and Photography Schools are women?
Similarly, on a satellite basis at this year’s Rencontres d’Arles, some of the initiatives were carried out, especially under the aegis of Cosmos Arles Books’ programming. In one of them, a call to female and transgender photographers to reproduce the famous exhibition Family of Man from a female perspective (Family of No Man, Cosmos Arles Books exhibition from 02 to 07 July 2018). Three rooms, a corridor in which more than 400 photographers from all over the world have been introduced. I will not dwell on the number of square metres, but on the sensation produced by the photographs and their authors enclosed in a space of representation that did not contribute to generating a reflection on the approach of the exhibition itself, and consequently on the works presented – we were exposed, but we were not visible. Performances and demonstrations by other collectives dedicated to the theme of gender were lost in the hot weather and the steam of improvised places.
From these places, it is urgent to get out! And, undoubtedly, to cross the door that locks us in our own circle, parity is a more urgent tool, as is the abandonment of our own isolation in any fortuitous corner of representation that is given to us.
We are not a minority! Let’s get out of our « own room »!
Time magazine named the « Silence Breakers » as the personality of the year 2017, and without a doubt, 2017 was indeed a year in which women’s voices became free and decisive in several areas. 2017 was also a year that helped us understand that the silent mechanisms to which we are subjected have different facets and reproduce in many more places than we think. However, this has not been able to provoke an alarm call from some institutions. In the final straight line of 2018, we cannot allow this silence, this invisibility, to continue to be imposed in France, we cannot allow this silence, this invisibility, to continue to be imposed in France.
May the image of the numbers taken from Marie Docher’s letter and the bars of this little piece of paper that Bruno Dubreuil received from his students used to understand that the relationship 12 to 3 is obscene and that there is not a minute to lose to fix it.
Oleñka Carrasco
www.olenkacarrasco.com
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